Né de l’autre côté du millénaire, Kehlvin est un bruyant mais parcimonieux quintette de Meuqueux (La Tchaux, suivez un peu!), dont la précédente galette remontait à avril 2015.
Le premier titre, en moins de six minutes, pose d’emblée les divers univers sonores au sein desquels le groupe se propose de nous envoyer gueule la première sans consentement. Le son est lourd, crasseux, réservant une place de choix à une basse étonnamment furibarde et enrobée de shrapnels. Les vocalises alternent mélodies râpeuses et égosillements à la Chris Spencer (des très regrettés Unsane). Sur une section rythmique bourrinant avec détermination, les riffs se cherchent, entre dissonances jazzy et barrés hardcore indémodables.
Il faut noter une petite baisse de régime avec l’étrange »Electric Monks », qui évoque une répète de Nine Inch Nails où Trent Reznor aurait abusé de la camomille. Et pour en finir avec les désobligeances, l’on pourra se chagriner quelque peu qu’aucun titre ne se hasarde (ou si peu) au-delà des 100 BPM, car la force de frappe du groupe ne manquerait pas d’y faire de sanglantes merveilles. L’on notera aussi, et avec un réel plaisir, l’absence de cette alternance soporifique entre couplets hurlés et refrains mélodiques, dont trop de groupes récents ont fait leur structure par défaut: l’intensité est perpétuelle et la volonté de tout laminer sans ambiguïté.
Dans l’ensemble, ces nouvelles compos se présentent sans grandiloquence ni prétention, sachant limiter leur complexité post-HxC pour privilégier l’impact sur l’auditeur. On pourrait presque parler de musique délibérément thérapeutique, au sens le plus pragmatique du terme : elle doit défouler le public plus que palucher l’égo des exécutants. Si la forme est indubitablement contemporaine (et donc fatalement affranchie des canons originels du genre), son fond, loin de renier la tradition, l’honore par son caractère consciemment épuré.
Note : 5/5