Content de quitter l’hiver, et ce Coronavirus qui gèle toujours et encore nos envies de sorties, de voyages, de concerts et de fêtes.
»Heureux d’un printemps qui me chauffe la couenne », comme chantait le québécois Paul Piché en 1997 !
Il reste mes souvenirs de St Patrick Day, qui me chauffent le cœur…
Le printemps, c’est la chaleur qui revient, la nature qui s’éveille après de longs mois d’hiver. En Valais, et dans les cantons catholiques, c’est aussi la fête de la St-Joseph, le 19 mars, jour de congé, souvent une belle occasion de voyager pour découvrir une ville ou une région, sans que cela coûte trop cher, car il y a peu d’endroits dans le monde où la St-Joseph est un jour férié.
J’en profite à chaque fois et cela m’a permis de visiter plusieurs villes, dont Prague dans les années 90. C’est dans cette magnifique ville, un soir du 17 mars, que je suis rentré dans un Pub irlandais et je suis tombé sur la fête de la St-Patrick. Un moment dingue, tout le monde était habillé en vert avec des chapeaux hauts-de-forme aux couleurs de l’Irlande, et un groupe jouait »live » des morceaux super entraînants aux sonorités celtiques. Ça dansait de partout et la Guinness coulait à flots …les gens étaient heureux, joyeux et débordant de bonne humeur.
Mais c’est quoi ce truc de fou ???
On m’explique alors que c’est la fête nationale de l’Irlande (ce qui n’est pas vrai : c’est juste une fête chrétienne qui commémore la date du décès de St-Patrick, l’évangélisateur de l’Irlande qui a expliqué la Sainte Trinité grâce à un trèfle, symbole du pays depuis là !).
Je suis, ce jour-là, »tombé en amour » de l’Irlande et me suis dit que, dorénavant, je m’arrangerai pour trouver un Pub Irish lors de chaque 17 mars. Les Irlandais ont beaucoup immigré, et la St Paddy’s day est devenue connue tout autour du monde, en Argentine, au Québec et aux Etas-Unis où la 1ère célébration a eu lieu à Boston en 1737, suivie de New York en 1762 avec le plus grand défilé au monde, plus de 2 millions de spectateurs sur la Cinquième Avenue. Chicago teint en vert son fleuve qui traverse la ville pour un effet saisissant et spectaculaire !
Ce fut donc le cas à Berlin et à Madrid où j’ai eu l’occasion de jouer un peu de guitare au milieu des violons et des tambourins celtiques. Magnifiques fêtes à chaque fois, et, en 2012 le graal : j’ai participé à la St-Patrick’s day à Dublin, avec mes amis musiciens de notre groupe Psychose, pour célébrer les 25 ans de notre band. Un souvenir exceptionnel et marquant, tant cette fête est authentique et profonde. Après avoir acheté t-shirts verts, chapeaux à haute-forme et mis un trèfle à la boutonnière, comme tous les 550’000 spectateurs, nous nous sommes rendus au centre- ville pour assister à la fameuse parade dans un silence d’église. Nous avons vite compris que cela n’était pas le cortège de carnaval, mais bien une célébration religieuse importante pour le peuple irlandais. Le défilé des majorettes, des joueurs de cornemuse, des nombreux chars et des fanfares se déroule dans une ambiance pieuse et tranquille, mais dès que les derniers chars sont passés, nous nous sommes noyés dans ce long fleuve vert qui nous a conduit au saint des saints, le Temple Bar. Ce quartier du centre-ville de Dublin est un dédale de petites ruelles piétonnes garnies de vieux pubs typiques et de bars à Guinness bondés où la musique jaillit de partout : du folk irlandais, du Rock, du Blues et les sons traditionnels envahissent la ‘’Dirty Old Town’’ ; The Pogues, The Dubliners, U2 et The Cranberries sont joués partout autour du Rory Gallagher Corner (hommage au talentueux guitariste Irlandais). La fête est totale, immense et généreuse, quelque chose à vivre une fois dans sa vie, unique et mythique !
Le lendemain, cap sur Belfast, en longeant la magnifique côte Est de l’île, pour découvrir les plus vieux pubs, imprégnés d’une atmosphère surannée et toujours cette musique live omniprésente qui donne envie de taper des pieds par terre. Cette expérience irish a laissé des traces et, depuis, notre groupe Psychose a toujours réussi à glisser 2-3 morceaux Irish dans notre set, revisités à notre sauce rock : »One », »Zombie », »Dirty Old Town » et autre »Whiskey in the Jar »…et nos concerts se transformaient en petite St Patrick !
Puis arriva la visite de Liverpool, pour fêter nos 30 ans, où les immigrés irlandais sont majoritaires et font de cette ville un deuxième Dublin, avec, en plus, la folie des Beatles et les exploits du Liverpool FC du côté d’Anfield : tous les ingrédients y sont réunis pour vivre une nouvelle St Patrick de folie, elle fût magique : entre les frissons en pénétrant The Cavern où les Beatles ont joué presque 300 concerts et l’émotion pendant le ¨You’ll never walk alone » chanté par 54’000 fans du LFC dans le chaudron d’Anfield.
Ce fût tellement bien, que nous y sommes retournés en 2019 pour y fêter nos 50 ans, une sortie de classe marquante et festive, une dernière St Patrick de folie qui restera, aussi… marqué dans nos souvenirs.
Et voilà que ce triste 13 mars 2020 arriva, ce satané COVID avait annulé la St Patrick qui devait avoir lieu 4 jours plus tard…, sans musiques, sans fêtes et sans Guinness qui coule à flots.
Aujourd’hui, une année compliquée a passé et ce Coronavirus nous encrasse toujours la vie, alors je prie ce St Patrick, lui qui a chassé tous les serpents hors d’Irlande, pour qu’il nous chasse ce Virus de malheur hors de cette planète et laisse reprendre la vie, les fêtes, l’amitié et la musique partout et comme avant !
Vive la St Paddy’s day 2022 !!! et, comme on dit très souvent lors des St Patrick,
slàinte ! (santé en gaélique) [David Bétrisey]