Les organisateurs de concerts et de festivals s’inquiètent pour leur avenir

Malgré la décision du Conseil Fédéral d’authoriser les concerts de plus de 1000 personnes dès le 1er octobre, de nombreux acteur.ices de la scène suisse ont décidé de ne pas programmer d’évènements. Pourquoi? Des risques trop importants, des coûts trop élevé pour assurer la sécurité du public, et surtout, l’impression d’avoir une épée de Damoclès constamment au-dessus de leur tête. Mainland Music, Opus One, SoldOut Prod, Takk, Caribana Festival et d’autres acteurs qui font vivre la scène musicale déplorent l’absence de subvention et l’aide de l’Etat.

Leur communiqué de presse ci-dessous:

Les organisateurs de concerts et festivals ne voient pas de solutions dans les mesures annoncées hier par le Conseil fédéral et s’inquiètent pour leur avenir. Officiellement, plus rien n’empêche les manifestations de plus de 1000 personnes de se dérouler, sous réserve que les organisateurs respectent des règles de protections strictes annoncées hier par le Conseil Fédéral. Dans les faits pourtant, nous n’organiserons probablement aucun spectacles ni grands concerts dès le 1eroctobre. Voici pourquoi.
L’annonce du Conseil Fédéral du 2 septembre entérine paradoxalement le fait qu’aucun spectacle de plus de 1000 personnes ne pourra avoir lieu dans les mois à venir. En effet, les critères fixés par les autorités pour ces grandes manifestations seront très difficilement applicables dans un contexte économique déjà précaire. Le risque pour l’organisateur, mais également sa responsabilité sont désormais trop importants. Pour qu’une grande manifestation soit autorisée, il faudra que la situation épidémiologique dans le canton concernés soit «favorable», selon le communiqué du Conseil Fédéral. Mais aucune valeur seuil ni aucune durée cadre pendant laquelle ces mesures s’appliqueront n’ont été fixées. Ainsi, un canton pourra décider de restrictions supplémentaires en réduisant par exemple le nombre de personnes autorisées ou en révoquant purement et simplement une autorisation préalablement délivrée. Si une autorisation est retirée ou révisée, l’organisateur n’aura pas droit à la moindre indemnisation. Alors qu’il faudra payer tous les frais et rembourser des spectateurs. Un risque insensé.
En l’absence de subventions, les concerts et spectacles organisés par des promoteurs ou organisateurs privés doivent s’auto-financer. Concrètement: les recettes de billetterie doivent couvrir les coûts du spectacle: cachet, matériel, location de salle, personnel technique, sécurité, droits d’auteurs, promotion, impôts, etc. L’organisateur doit vendre entre 70 et 90%des places pour couvrir ces différents frais. Avec les incertitudes liées à ces nouvelles directives, il devient impossible pour un organisateur de planifier un événement et de prendre le risque de couvrir les frais des spectacles qui peuvent potentiellement voir leur jauge réduite de moitié, ou même être annulés jusqu’à la dernière minute. Dès lors, notre activité n’est plus viable, car elle supposerait des opérations régulièrement déficitaires et donc à terme la faillite de tout un secteur et la fin des grands événements en Suisse. La survie de nos entreprises est en jeu car nous ne pourrons plus tenir longtemps face à une diminution de nos chiffres d’affaires qui atteint plus de 90% depuis le début de la crise. Les acteurs culturels ont été les premiers impactés et seront assurément les derniers à pouvoir reprendre une activité économique normale. La branche de la culture a certes reçu des aides temporaires-elle en très reconnaissante aux pouvoir publics -ainsi que la possibilité de recourir aux RHT. Mais il n’est pas prévu de nouvelles aides dans les prochains mois. Or, nous avons quelques raisons de penser que les perturbations liées à la crise du COVID ne s’arrêteront pas en fin d’année, mais se verront prolongées en 2021, voir jusqu’en 2022. Les entreprises culturelles Suisse ont déjà payé un très lourd tribut au COVID, l’enjeu aujourd’hui est leur survie; un savoir-faire immense et de très nombreux emplois risquent d’être définitivement perdus. Les mesures annoncées aujourd’hui empêchent les organisateurs de travailler dans des conditions économiques viables et, sans aucune mesure d’aide, elles menacent l’existence même du spectacle vivant dans notre pays.

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N° 152 - Mai 2023
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