Entre la confection de l’un de ses ʿRolf Pedalboardsʾ et du booking pour Hummus Records, Christophe Macquat, du groupe de post instrumental Ølten, a trouvé quelques minutes pour répondre à nos questions.
‘Mode’ sort en 2015. Trois ans plus tard, vous sortez ‘Ambiance’ : quel a été le processus de création pour ce nouvel album, qui semble avoir commencé dès 2016 ? (collaboration avec Johannes Persson, Julien Fehlmann)
[Chris, guitare] Comme pour les autres albums je me suis enfermé dans mon local tous les vendredis après-midi afin d’écrire de nouveaux riffs et des lignes de moog, quand j’étais convaincu de mon taf, je le soumettais à mes collègues. Nous avons eu la chance d’être sélectionnés pour le projet Iceberg lors de notre rencontre avec Marc Ridet et Eric Bichon (petite pensée pour Eric qui nous a quitté durant cette éditon). Ils nous ont dit « nous avons pensé à Johannes pour travailler avec vous ». Nous sommes tous des fans de Cult Of Luna, cela nous a donc semblé être une évidence. J’avais déjà rencontré Johannes quelques fois et je sentais que le courant allait bien passer. Nous sommes arrivés avec nos compos en cours à la Poudrière de Belfort. Johannes a tout écouté et nous avons travaillé trois jours dessus. Il a posé une oreille très critique sur notre travail sans jamais rien nous imposer. Nous avons bossé avec une personne extrêmement humaine et tout ça s’est soldé par une bonne grosse fondue avec du rouge. Julien nous suit depuis le début et après discussion, il était clair et net que nous voulions enregistrer ce troisième opus avec lui. Nous avons travaillé de la même façon que sur les deux autres disques. Rien à dire si ce n’est que c’est toujours un plaisir de bosser avec ce mec, c’est un peu le 4ème membre du groupe pour nous.
Après cette longue période de travail et l’enregistrement de cet album, sentez-vous une évolution chez Ølten ?Musicale, sonore, en termes de composition, etc.
Nous avions décidé de sortir de notre zone de confort. Surtout pour le mixage des instruments, nous voulions avoir une guitare très atmosphérique en gauche/droite et une basse-batterie bien présente au centre. Ça n’a pas été chose facile, mais à force de travail et de persévérance je pense pouvoir dire que nous y sommes arrivés. Oui nous avons évolué dans le sens où nous avons vraiment travaillé nos sons avant d’aller en studio, nous avons retourné les compos dans tous les sens et, avec du recul, c’est une très bonne chose car nous sommes vraiment fiers de cet album et du son global.
Quel a été le morceau le plus dur à travailler/enregistrer sur ‘Ambiance’ ?
Je dirais que le premier morceau est toujours le plus difficile à mettre en boîte, mais comme nous avons voulu doubler les guitares, j’ai dû rejouer quasiment tous mes riffs et l’intro de Gover a été un véritable cauchemar pour moi…
Qui dit musique instrumentale, dit absence de paroles, ce qui ne veut pas forcément dire que la musique instrumentale ne contient aucun sous-texte. Comment vous positionnez-vous par rapport à ça ? Quel sens mettez-vous dans vos morceaux lors de leur composition ?
Quand nous avons créé Ølten, nous voulions faire un groupe instrumental. Depuis le début, nous avons toujours voulu faire ressentir à l’auditeur ce que nous autres troubadours ressentons derrière nos instruments.
La pochette de ‘Ambiance’ est étonnante et plutôt originale : que raconte-elle ? En quoi est-elle liée avec votre musique ?
Quand notre graphiste a su que l’album porterait le doux nom de ʿAmbianceʾ, il a tout de suite pensé à une salle d’attente très flashy. L’idée nous a parlé assez rapidement et du coup nous avons décidé de créer la salle d’attente Ølten. Imaginez, vous avez rendez-vous pour la pose d’une sonde urinaire sans anesthésie et vous êtes, vous, dans cette salle d’attente avec en fond sonore les fanfares du diable …..
Vos visuels sont très puissants par le contraste qu’ils créent entre leurs designs épurés et la violence de votre musique. Est-ce une réelle volonté ?
Oui c’est clairement une volonté de notre part. Le côté tête de mort, image gore et autres ne nous attirent pas vraiment pour nos pochettes.
Avez-vous prévu de sortir un clip pour l’un des morceaux de cet album ? Si oui, pouvez-vous nous le décrire en avant-première ?
Oui deux clips vont paraître, ʿLiedʾ qui à été réalisé dans notre nouveau local de répète par Mathias Montavon. On voit juste trois imbéciles faire ʿdrelin drelinʾ sur leur instruments. Le second clip sera pour ʿKlarkʾ. Je dois t’avouer que je suis impatient de le découvrir. Sébastien Fasnacht, un bon pote, nous a filmé durant toute une matinée dans différents endroits. Nous devions juste nous tenir debout, assis et ensuite disparaître un par un de l’objectif. Pour la petite histoire, j’avais une gueule de bois montrueuse et il faisait très chaud ; ce fût une des pires journées de ma vie !
Que pensez-vous de la scène post-metal/post-rock suisse ? Est-ce difficile d’évoluer dans un style qui n’est que peu défendu dans son pays ?
Bonne question… Nous concernant nous avons eu beaucoup de chance et ce depuis le début, car nous avons rapidement pu jouer dans toute la Suisse, ce qui n’est pas le cas pour nombre de groupes, qui n’arrivent pas à franchir ce fameux Röstigraben. En faisant un peu de booking, je remarque aussi que bien souvent les groupes suisses se contentent de sortir un album, faire un clip et point barre. Ils sous-estiment souvent la promotion et tout le travail qu’il faut fournir. C’est vraiment beaucoup de job. Notre Label Hummus Records, et en particulier Jonathan Nido, fournit un travail monumental et nous mettons aussi vraiment la main à la pâte, donc je pense que si on est bien entouré et qu’on bosse dur, il y a vraiment moyen de faire quelque chose de cool.
J’ai vu que vous aviez quelques dates en Suisse pour la fin 2018. Quel est votre agenda pour 2019 et au delà ?
Nous travaillons actuellement sur une tournée européenne en 2019 et nous allons aussi essayer de faire un maximum de festivals en Suisse mais aussi à l’étranger. Nous avons vraiment envie de tourner avec cet album. Pour la suite, je ne sais pas, mais j’imagine que courant 2019 ça va me démanger d’écrire de nouveaux riffs et on verra bien….
‘Ambiance’
Hummus Records
Note : 4/5