En 2015 déjà, leur album était plus que prometteur. Il avait et il a toujours cette odeur du papillon fraîchement sorti de sa chrysalide, ce goût de la recherche d’identité que l’on peut presque atteindre. La trace grasse et chargée de l’excellence. Avec ce 10 titres, frustrant par sa courte durée, les crochus poussent plus loin leur quête du sublime. Un ensemble encore plus homogène, s’il est possible, passant par les chemins usés de l’ingéniosité tout en bouleversant les émotions perverses des amateurs de stoner et de sludge. Comment expliquer cet album simplement ? En vérité, ce ne serait pas honnête de le faire, ça ne lui rendrait pas justice, mais il faut bien une image convaincante pour satisfaire l’imaginaire populaire, même dans le metal… Or donc, lorsque un univers semblable est mis à nu, nous nous devons de faire preuve d’humilité et de respect. C’est aussi envoûtant qu’un dépucelage, aussi terrible que l’essence de l’apocalypse que les chrétiens redoutent avec culpabilité et supplient avec ferveur. Oui, le style regorge de joyeuses formations métissées qui arborent, dans l’excellence comme dans la médiocrité un visage similaire à des gargouilles bouffées par les affres du temps. Même si le compliment est aisé pour cet album et, j’ose le soutenir, pour ce groupe lausannois, il est plus que nécessaire de placer Horde sur le haut du panier de la créativité internationale de cette année 2018. L’automne ne saurait le gâcher ni l’hiver le glacer. Les grands froids, justement, qui amèneront avec eux le prétexte et le besoin de s’enterrer devant un âtre familier et inhospitalier afin de savourer jusqu’aux tréfonds des ténèbres mélancoliques les mélopées de ce panier de serpents. Libre à toi de lui préférer les reflets irisés des feuilles mortes et les chants de Noël pour être certain de pourrir ton existence. Faudra pas v’nir chouiner au printemps !
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Note : 4/5
Auteur : Claire Blanchard-Buffon