A l’occasion de leur concert, quelques heures à peine avant de monter sur scène, Andrew, leader de MGMT, a accordé à notre magazine chéri une interview exclusive ! Il avait l’air un peu tendu, mais s’est révélé disponible et très sympathique. Il nous parle de leur musique, de leur avenir, des drogues et de Montreux. Enjoy !
Le groupe a été décrit de différentes manière : nu rave, psychedelic dance music for hippies, space rock, etc. Mais toi, comment décris-tu ta musique ?
Andrew : Je ne sais pas… Si une personne au hasard me demandait, je lui répondrais automatiquement de la pop-psychédélique. Parce que c’est un terme assez saillant qui englobe l’art psychédélique. On fait des musiques assez entraînantes. C’est à cheval entre de la musique pop et de l’art. Toutes ces choses que tu avais mentionnées sont tout à fait applicables et vraies à certains moments, d’où le fait qu’aucun de ces termes ne peut définir concrètement notre style.
Où exactement est l’origine de ta créativité ? Comment ton processus créatif commence ?
Je pense que c’est quelque chose qui a changé au cours des années. Ca fait longtemps qu’on fait de la musique ensemble, mais l’esprit n’a pas changé. C’est justement ce qui se remarque dans nos chansons les plus inspirées où on est en train de s’amuser, de rire, de faire les fous et on fait des sons qui nous paraissent bizarres. Les meilleurs moments où nous étions créatifs sont quand nous étions deux amis, deux potes, en train de traîner ensemble, en train de faire de la musique. On ne réfléchissait pas trop et on ne pensait pas à des choses grandioses.
As-tu déjà utilisé des drogues dans ton processus créatif ?
Pas vraiment. Je pense que nous avons tiré quelque chose de l’expérience avec les drogues, peut-être pour une sorte d’inspiration miracle. Le genre de perspective qu’on peut avoir grâce à quelque chose comme ça. Je pense que la drogue joue une part en musique, mais c’est pas comme si nous prenions des drogues et faisions de la musique. En général on est sobre.
Ton premier album a été un énorme succès, avec plus d’un million d’albums vendus. Tu étais très jeune et ça n’a pas été facile pour toi. Comment as-tu fait pour gérer ce succès incroyable ?
Je suis heureux qu’on ait pas sombré dans une chute stéréotypée associée à la reconnaissance immédiate comme l’addiction aux drogues ou n’importe quelle autre forme d’abus. Je pense qu’on a géré d’une bonne manière, surtout parce que c’était un choc, une surprise pour nous. Ce n’était pas notre ambition, notre moteur, de rechercher la gloire. On s’est retrouvé dans ces situations folles et on a juste fait avec. Je pense qu’on s’en est pas mal sorti. Mais c’était dingue d’avoir 23-24 ans et de traverser ça, c’était assez fou mais on n’a aucun regret. J’aime bien repenser à ces jours.
Ton premier album était une véritable machine à tube, tandis que le second est totalement différent. C’est comme si le premier était plus commercial et le second essayait plus d’atteindre les gens. Pourquoi un tel changement de direction dans votre style ?
Je ne pense pas que c’était un changement trop drastique. On a jamais écrit des chansons dans le premier album avec l’intension de faire un hit et d’en tirer de l’argent. On écrivait des chansons qui nous paraissaient naturelles et honnêtes. Et il s’avère que c’est des chansons avec lesquelles beaucoup de personnes ont connecté et elles sont devenues populaires. Avec le deuxième album nous n’étions pas en train d’essayer d’écrire des chansons pop, ni de faire table rase de tout ce qui précédait et d’aller dans le sens opposé. Je pense que les deux albums sont tout autant faits pour les gens qui nous appréciaient, qu’ils sont tout autant… nous.
Comment voyez-vous l’évolution de votre musique ?
Je pense qu’on va faire des collaborations en tant que mixeur et producteur, c’est quelque chose qu’on a toujours voulu faire. Découvrir un groupe dont la musique nous parle, aller en studio avec eux et faire un album. Ce serait amusant. Je pense que le dernier album qu’on a fait était en un sens thérapeutique. La manière dont on l’a écrit était très proche de la manière dont on faisait de la musique quand nous avions 19-20 ans et de se retrouver à cet état était très amusant, bien que certains thèmes, sentiments, émotions, sur notre troisième album, sont difficiles, personnels et pas si drôles. Je pense que le processus qui m’y a mené était très important et ça nous a permis d’être plus libre avec notre musique et de ne pas trop réfléchir. Alors je suis très excité de faire encore plus de chansons.
Nous sommes au Montreux Jazz Festival, que penses-tu justement de ce festival et de la Suisse ?
C’est cool d’être à Montreux, même si je ne connais pas trop par ici. C’est une magnifique région, malheureusement il pleut, c’est trop dommage car partout où nous allons dans cette tournée il pleut. Mais nous sommes heureux de jouer dans un club, de jouer à l’intérieur, car nous jouons souvent dans des festivals à l’extérieur. Mais c’est magnifique ici, les maisons, les arbres, la nourriture… Mais très cher !
Propos recueillis par Vincent Bonvin et traduits par Xavier Dougou.
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