Si l’humidité légendaire d’Yverdon a failli nous tuer à seulement trois pas de l’Amalgame, la chaleur et la sympathie tout aussi légendaires du staff de ce club nous ont heureusement remis d’aplomb dès notre arrivée. Mais que ces sourires et cette absence de palpations à l’aine pour voir si t’y as pas caché une tronçonneuses font plaisir ! Car c’est aussi ça l’Amalgame : une ambiance familiale et de gentils gens qui te servent des bières bientôt aussi chères qu’au centre-ville de Lausanne. Mais passons sur ce dernier détail et venons-en à la musique.
Le Berlinois nommé S/\rin ouvre le bal avec un set EBM qui me renvoie droit à ma prime jeunesse, au temps des soirées electro dark passées à faire semblant de danser et de pas trop s’emmerder. La musique de S/\rin est sympathique quand elle prend des allures hypnotisantes, mais l’envie de faire semblant de danser m’est passée depuis longtemps.
L’occasion donc de s’occuper en scrutant d’un œil torve le public. Celui est relativement hétéroclite, mais l’illusion ne prend pas : on a quand même l’impression de se croire à un concert de Nine Inch Nails en 1994. Ce qui est pas mal, note, et ce qui va très bien avec l’événement principal de la soirée, puisque le dernier album de The Soft Moon évoque violemment les plus sombres années de Trent Reznor.
Le clou du spectacle commence donc et le groupe nous la fait comme à son habitude : arrachage de tête drastique et petites mélodies d’automne en deuil. Luis Vasquez répand ses tripes sur scène et l’on sent bien que l’intimité crachée dans son art n’est pas qu’une jolie tournure de phrase pour journaliste mal inspiré : la musique est réellement vécue par le groupe et l’événement est autant une catharsis pour ses membres qu’une prestation pour un public en transe. C’est d’ailleurs cette intensité nécessaire qui peut manquer lorsque le groupe joue en extérieur, et c’est précisément dans une petite salle comme l’Amalgame qu’il s’exprime au final le mieux.
Ce fut ainsi une nouvelle excellente prestation de The Soft Moon, dont on pourra même pardonner la petite durée tant a été massive la quantité de tripes étalées.