Le duo montréalais — en réalité australo-ontarien — sort ce dimanche un premier EP tout en tensions et en finesses. Une vraie belle surprise indie/noise/minimale à contre-courant des standards que la ville impose.
En six pièces et une vingtaine de minutes, March Of The Worm entrelace du bout des doigts et des lèvres ses dissonances dans une ambiance aussi violente que feutrée. Le répertoire est cérébral, mais délivré avec une animalité certaine. On est tendu sur un fil précieux prêt à rompre si les caresses électriques deviennent trop brutales.
Le fil plie, mais ne rompt pas. L’auditeur reste enfermé dans la tête du narrateur, nu comme un vers ne cherchant pas la sortie. On se complait à tourner en rond dans la terre meuble à la recherche des arrangements discrets; quelques cuivres et claviers fantomatiques plus suggérés qu’imposés qui permettent de respecter la lourdeur minimaliste du duo en live.
Les tensions sont chuchotées au creux d’une oreille qui attend les respirations, les bruits de doigts, le son de la pièce. Mention spéciale à Deep Sea dont la guitare acoustique explore la profondeur comme un sonar. Citer des références serait desservir l’identité de ce premier EP riche et tendu, à voir en live ce soir à la Casa Del Popolo.
Marien Joly
Photo: Sergei Khadatovich
Ce soir en live: March of the Worm [EP Launch] • Run Coyote • Frisky Kids