Je déteste les lundis, tenez-vous le pour dit. En ce premier jour de semaine, je me traîne péniblement, mode zombie, hors de mon lit et je me botte le derrière à ébaucher un semblant d’horaire pour ma journée. Les écoulements lacrymaux m’empêchant d’ouvrir les paupières me force à dresser un plan dans ma tête. Ok. Boulot, gym, souper et je me “move” jusqu’au show. Étais-je la seule pour qui la motivation n’était pas au rendez-vous? À voir tout l’espace inoccupé de l’Olympia, ma réponse m’apparaît telle une illumination divine me délivrant de tout remord; non, je n’étais pas l’unique non-motivée de la soirée!
Ceci dit, la voiture stationnée, les quelques mètres marchés me séparant de l’évènement et le manteau accroché au vestiaire, me voilà haletante sur les planches. Les accords de guitares me “distorsionnent” déjà à merveille les oreilles puisque j’ai quelques minutes de retard et c’est The Obtuaries, troisième pièce de l’album On the Impossible Past, jouée par The Menzingers, qui me perce délicieusement les tympans. Le quatuor de Pennsylvanie accroche immédiatement, au coin de mes lèvres, un petit sourire de satisfaction et j’active la jambe rock’n’roll pour suivre le tempo. Mis à part le manque d’enthousiasme de la foule, et c’est peu dire, tout y était pour une introduction bien accomplie. Effectivement, il y a bien eu quelques applaudissements, un timide “pit” d’une dizaine de personnes tout au plus, mais aucune extravagance ne venant des spectateurs. Malgré cela, les gars sont tout sourire, pantois sur la scène à inviter les gens à taper dans leurs mains. Ils ont une belle interaction avec le public mais entre eux aussi, leur plaisir à jouer est facile à discerner et devient contagieux. Joe Godino, le batteur, martèle justement sur ses tambours, l’énergie y est et il nous livre la marchandise adroitement tout juste vêtu d’un “wife-beater” (chandail avec les manches coupées)! Le groupe nous offre quelques morceaux du plus récent album dont Burn after Writing, Nice Things, Gates, mais aussi d’autres pièces tirées des deux albums précédents. Ils terminent sur une note prévisible avec l’incontournable Irish Goodbyes accompagné de jeux de lumières hallucinants dignes d’infernales crises d’épilepsie! Merci bonsoir.
Suivait ensuite le groupe post-hardcore du Michigan; La Dispute, pour qui s’était déplacée, semble-t-il, une marée de fidèles bien au poste. Le public cible semble plus jeune et est animé par de violents soubresauts, peut-être des spasmes ou encore des convulsions. Voici de petites leçons en étapes, facile à comprendre, si jamais ce genre de danse vous intéresse : ICI. C’est donc un Jordan Dreyer, chanteur du groupe, bien énergique que nous avons sur scène. Avec ses “stepettes” bien synchronisées, il ressemble à un hyperactif sur le crack qui, cependant, occupe bien l’espace. Tantôt s’accompagnant au tambourin, tantôt en lançant d’intenses contacts visuels à la foule dans laquelle il plonge, au grand bonheur des jeunes filles, justement. Il passe d’ailleurs le micro à plusieurs fans qui s’y donnent à cœur joie pour y crier de fausses notes tout en s’accrochant au charismatique leader de la formation. La performance est solide et rejoint les amants du genre, mais la populace se languissant de Hot Water Music reste de glace malheureusement et ce malgré le piochage névrosé du batteur, Brad Vander Lugt, aux cheveux affreusement gras! Le genre expérimental et le style de prose du band rejoint effectivement moins la foule, mais les gars jouent un 40 minutes bien rempli et en profite pour nous offrir, avec cœur, des pièces de leur plus récent album, Wildlife, lancé sur No Sleep Records en 2011.
Je me permet de faire une petite insertion dans ma critique, ici, pour vous parler d’une péripétie des plus atroce qui ne me soit jamais arrivée au cours de mes dernières 27 années de vie sur Terre et qui, à mon grand désarroi a entaché ma soirée. Je suis donc en train de prendre de petites notes, question de garder en mémoire quelques moments du spectacle quand, soudain, quelqu’un vient tout près de moi (tout près dans le sens de sa face dans mes cheveux) et me regarde silencieusement. Je pense d’abord que c’est une personne qui me reconnaît, un fervent admirateur secret ou j‘en passe, pour finalement me rendre compte, que cet individu, ce nommant lui-même, attachez-vous bien, Fantomas, est un psychopathe, tout fraîchement échappé d’un asile de fous braques. Jusqu’à la toute fin, le détraqué m’aura pourchassé, ne lâchant pas la semelle d’un clou et me saoulant des ses délicieux propos tels que: “Tu sens tellement bon que je te mangerai la jugulaire”. J’en ai encore la chair de poule!
Après plus d’une demie heure d’attente, les gens, affaiblis, s’étant assis au parterre se relèvent finalement pour accueillir la légendaire formation de la Floride, et j’ai bien sûr nommé; Hot Water Music. Nous nous rappelons de leur dernier passage à Montréal, assurant la première partie de Rise Against, en septembre dernier au Centre Bell. Les gars, maintenant “headliner” ont ainsi mis le paquet avec une bannière gigantesque à leur effigie et une intro décousue permettant au groupe d’embarquer tranquillement sur la scène. Toutefois, soyez tranquille, le groupe est resté fidèle à lui-même et nous a offert une prestation sobre et sans artifice, mais avec une fougue et une passion qui se reflète jusqu’aux fins fonds de l’Olympia. La salle n’avait pas ouvert le deuxième étage et c’est donc sur un plancher bien comblé, que le quatuor nous ont servi quelques pièces du premier album en 8 ans; Exister. Entre autre Drag my Body et State of Grace, ont bien su faire lever la foule mais, on voyait bien que les vieux de la vieille s’étant déplacés pour l’occasion en demandaient plus pour leur vieux “stock” justement! Ils nous ont alors, généreusement, brassé la sauce en nous enfilant : Remedy, Trusty Chords, Rooftops, Paper Thin, de bons vieux classiques dont nous étions tous assoiffés. Je me dois aussi de glisser un mot à propos de ce, les demoiselles comprendront ici mon choix de qualificatif, délicieux Chuck Ragan. Ma foi, quel homme! Avec sa voix plus rauque que jamais qui le rend parfois presque inaudible, ses cheveux en bataille et sa barbe non-rasée, son énergie débordante à laquelle nous ne pouvons que répondre à en demandant encore et encore, le co-leader de la formation est dans une forme impitoyable. Il se touche le cœur à plusieurs reprises, nous darde de remerciements auxquels nous nous accrochons, disons-le nous, tout un performeur qui a bien sa place sur scène. Finalement, 50 minutes après la première chanson, le groupe se retire pour revenir sur les planches et nous offrir un rappel de trois “tounes”! Quelle ambiance! Sommes toute, j’ai juste envie de les prendre dans mes bras et de leur dire, please, ne partez plus pour si longtemps…
Mam’zelle Bourasse