A l’occasion de l’annonce de leur reformation 15 ans après la sortie de leur dernier album ‘Empathic’, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Vito, chanteur de Staff, groupe de grunge valaisan pas comme les autres qui n’était pas passé inaperçu à l’époque.
Pour ceux qui ne seraient pas encore familiers avec votre nom à l’heure actuelle, peux-tu résumer votre parcours depuis la formation de Staff en 1993 ?
Difficile et longue question ! (rires) Mais pour résumer, nous sommes un groupe né au moment de l’apogée de la mouvance grunge. Nous nous sommes formés assez classiquement, avec à l’origine la rencontre de deux musiciens issus de milieux différents qui voulaient s’éloigner du hard-rock permanenté qui était alors à la mode. Nous avions le grunge comme modèle d’une musique qui permettait de s’exprimer sans artifices, sans costumes, et d’être nous-même sur scène. C’était quelque chose qui nous plaisait et c’est d’ailleurs quelque chose qui est resté. Après avoir enregistré nos premières démos, notre musique a évolué vers un grunge un peu plus progressif. J’y vois un mélange de Soundgarden, Pearl Jam et Tool, avec un côté plus atmosphérique. Nous avons ensuite enregistré notre premier disque, ‘Empathic’ avec David Richards (producteur de Queen et de David Bowie) au Mountain studios, sorti en 2002. Cet album signe en quelque sorte l’apogée du groupe, avec de nombreux concerts en Suisse et également à l’étranger. Le groupe s’est ensuite séparé à cause de la pression qu’on se se mettait par rapport à notre envie de réussir et également car Staff est une formation difficilement étiquetable par rapport au business de l’époque. Nous ne correspondions ni aux labels de metal, ni aux labels mainstream. Ces pressions et les tentatives de formatage de la part de notre entourage ont finit par entraîner l’auto-destruction de Staff. Nous nous sentons plus libres aujourd’hui de produire quelque chose en demi-teinte, sans devoir absolument avoir une étiquette claire par soucis de plaire aux labels et de vendre.
15 ans après la sortie de l’album ‘Empathic’ (2002), Staff reprend vie accompagné d’un nouveau batteur.
Nous nous sommes d’abord réunis pour un concert à l’invitation de l’association ArtSonic, qui réunissait lors d’une soirée les groupes qu’elle avait soutenus pendant ces années. C’était il y a trois ans, ça nous avait plu, et c’est à ce moment qu’une idée de reformation avait germé. Nous évoluions tous dans d’autres projets à ce moment là et nous savions que Staff ne pouvait pas seulement être un ‘groupe du dimanche’ de par l’intensité qui découle de la somme de nos individualités, qui dépasse les individualités elles-mêmes.
Comment la dynamique de groupe a-t-elle évoluée avec l’arrivée de Lucas, votre nouveau batteur ?
Nous n’avons pas pu convaincre le batteur originel de reprendre ce projet, donc nous avons trouvé Lucas, qui est bien plus jeune que nous (24 ans) et qui a donc apporté un enthousiasme nouveau, une fraîcheur et une autre vision de la musique qui reste cependant en accord avec la nôtre. Cela apporte aussi un changement dans la manière de jouer, et d’autres influences musicales.
Quels sont les nouveaux objectifs ?
Notre objectif est d’injecter de nouvelles compositions dans notre ancien répertoire. Le but n’était pas de se reformer sous la forme d’un ‘revival’, ce n’est absolument pas juste une histoire de nostalgie. Staff n’est pas un projet comme les autres, il y a cette urgence et cette intensité toujours présentes quand nos personnalités se réunissent qu’on ne maîtrise pas complètement, même si cela peut être relativement conflictuel ou épuisant. Nous voulons donc exploiter cet aspect-là pour créer de nouvelles choses, donc un nouvel album, et aussi faire des concerts. Personnellement, c’est l’expérience du live que je trouve intéressante et qui est très intense avec Staff.
Au niveau de la composition, vos influences musicales demeurent-elles les mêmes qu’à vos débuts ?
Nous avons chacun évolué dans des projets différents, dans des styles complètement différents de Staff. Mais quand on se réunit, ça continue quand même de sonner comme du Staff. Nous avons toujours eu des influences très diverses, à la base c’était la rencontre d’un chanteur de new-wave avec un guitariste de hard-rock, un bassiste de reggae et un batteur de metal. Nos influences ont toujours été multiples. Aujourd’hui, elles sont donc encore plus multiples.
15 ans de pause : Une force ou une faiblesse selon toi ?
Ni l’un ni l’autre, en fait c’est comme ça, on ne choisit pas. Ce qui est une force, c’est d’avoir acquis de l’expérience et appris de nos erreurs passées, avoir eu le temps de comprendre les raisons qui ont amenées à la dissolution de ce groupe qui était extrêmement important dans notre vie à l’époque. Nous sommes aussi plus affirmés et n’avons pas peur de faire ce que l’on veut vraiment faire, tu vois ? Nous ne sommes plus autant influencés par ce que les gens attendent qu’on fasse. Nous sommes sincères et disons ce que nous voulons vraiment dire, et c’est ce qui compte pour moi dans la musique ou dans l’art en général.
Le business de la musique ayant énormément évolué depuis les années 2000, quelle est la pertinence de Staff aujourd’hui ?
Pour se faire remarquer dans le business d’aujourd’hui, tu es obligé de créer le buzz. Pour moi, c’est comme vendre de la lessive, c’est une forme de marketing vide de sens. Au contraire, ce qui nous intéresse dans Staff est de partager sa réalité, de faire preuve d’une vraie sincérité. Même si certaines émotions qu’on voudrait exprimer ne sont pas porteuses, on s’en fout, on les exprimera quand même. Donc je dirai que la raison pour laquelle les gens aimeraient venir voir Staff est qu’on ne va pas essayer de faire le buzz ou de passer pour des super-clowns. On a envie de raconter des choses vraies et de partager de vraies émotions de façon artistique. Même si cette émotion est : ‘J’ai envie de me jeter d’un pont.’ (rires) .
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Staff sera en concert pour la première fois depuis leur reformation le 23 novembre au Sunset (Martigny, Valais).