Trois ans après sa tournée ‘Black And White America’, c’est une nouvelle fois à l’Arena de Genève que les romands ont pu prendre une cure de rock avec Lenny Kravitz et ses musiciens. Cette fois ci c’est pour promouvoir son nouvel album ‘Strut’ que la rockstar américaine est venue en Suisse.
C’est toutefois avec une certaine appréhension que l’on rentre dans l’Arena. En effet, sachant la qualité médiocre du nouvel album, on est en train de croiser les doigts pour que le set de Lenny en comprenne le moins possible.
À 20h, c’est le jeune Gabriel Garzón-Montano qui monte sur scène accompagné de ses trois musiciens. Sa voix très pop et sa bonne humeur enchantent à premier abord avec ses compositions teintées de jazz aux rythmiques très groovy. L’Arena n’est alors qu’à moitié remplie, et les genevois ont du mal à rentrer dans l’univers du chanteur. Certains commencent même à parler pendant que Montano s’efforce de les faire chanter. Il faut dire que l’atmosphère dégagée sur scène n’aide pas puisque le frontman est le seul à croire en sa musique, ses musiciens semblent absents et pressés de rentrer chez eux. Pourtant certaines chansons nous font tendre l’oreille et même bouger un peu. Cette première partie en reste très mitigée.
Trente minutes plus tard, il est 21h et tout le monde attend enfin que Lenny Kravitz pointe le manche de sa guitare. Mais la star se fait désirer et les huées commencent à se faire entendre dans une Arena qui commence à être bien remplie. Presque une heure d’attente et c’est à 21h30 que les guitares saturent et que le rockeur débarque lunettes aviateur sur le nez et manteau beige – accordé aux chaussures, s’il vous plait – pour un premier titre de son nouvel album. Ouf, le choix n’est pas trop mal puisque c’est ‘Dirty White Boots’ qui entame ce show avec une pêche incroyable. Toujours accompagné de sa bassiste et son guitariste, revoici sa batteuse qui manquait à la tournée précédente, ainsi que trois choristes qui rajoutent de la puissance aux tubes de l’américain. Pour mettre tout le monde d’accord dès le début, Lenny nous balance direct ‘American Woman’ suivi de la ballade ‘It Ain’t Over Til It’s Over’. Les demoiselles sont ravies, et le chanteur commence déjà avec ses numéros égocentriques en enlevant son manteau pour laisser apparaître un débardeur brillant et transparent. S’en suit le très moyen ‘Strut’ qui ne fera pas bouger les foules, avant la plus grosse surprise du show.
Pas jouée depuis plus de cinq ans, Lenny nous gratifie de l’excellent ‘Dancin Til Dawn’ accompagné de ses cuivres et son solo de saxophone endiablé. Prenant le temps de rallonger la chanson pour finir sur une jam, le rockeur prend de la liberté et surprend son public. Pas le temps de se remettre de nos esprits qu’il met une autre baffe en interprétant ‘Sister’, une de ses plus belles chansons écrite il y a plus de vingt ans pour l’album ‘Are You Gonna Go My Way’ et pas jouée en live depuis un bon moment. Les solos de guitare envoûtent et la chanson dure plus de dix minutes perdant ainsi une partie de son public. Pour notre part, c’est assurément le meilleur moment du concert. Le nouveau titre ‘New York City’ plaira un peu plus à la foule qui se mettra même à la chanter, mais les premières notes de guitare du tube légendaire ‘Always On The Run’ résonnent et l’Arena se met à sauter. Une nouvelle fois, Lenny et ses musiciens rallongent la chanson et partent en énorme jam, donnant de nouvelles couleurs à la chanson. Les cuivres se lâchent, les guitares aussi, grand moment du show. Pour ne pas perdre en route une partie de son audience, c’est le magnifique ‘I Belong To You’ sublimé par les choristes qui enchaine.
On sent que le concert touche presque à sa fin puisque ce sont les accords de ‘Let Love Rule’ qui commencent à résonner avant que le frontman ne fasse reprendre le refrain en chœur à l’Arena, lever les gradins, et motiver la fosse avec une énergie impressionnante pour un cinquantenaire. C’est enfin le très rock ‘Fly Away’ qui conclura le set en faisant danser la salle entière. Lenny reviendra pour un rappel de deux chansons très attendues : Le nouveau single ‘The Chamber’ bien mieux en live, et le classique ‘Are you Gonna Go My Way’ et son riff légendaire.
Lenny a fait le taff, et bien plus. Même si les tubes qu’on attendait de lui ont été joués, ils ont été bien transformés depuis la dernière tournée et le groupe a pu s’exprimer sur chaque chanson en partant dans des instrumentales mémorables. Si l’on craignait trop de titres de ‘Strut’, seulement quatre titres – d’ailleurs les moins ennuyants – ont figurés sur la setlist, et la rockstar a même comblé ses fans de la première heure avec des titres que l’on n’attendait pas. Même si son attitude scénique déplait à certains, l’énergie est à chaque fois au rendez vous et le public conquis. Seul petit regret, les chansons du précédent – et excellent – album ‘Black And White America’ ont été oubliées. Quoi qu’il en soit, merci Lenny et à dans trois ans, même jour, même heure, même salle.