C’est à la Stockhorn Arena de Thoune que nous nous rendons pour un concert à l’affiche on ne peut plus alléchante. Le stade est coupé en deux par les bars à sa moitié. La fosse est bien garnie, mais les gradins nettement plus clairsemés. C’est donc avec une affluence moyenne que les joutes musicales peuvent débuter.
Commençons très tôt, à 17h, avec Amorphis. Les Finlandais sont actifs depuis le début des années nonante et n’ont pas moins de douze albums à leur actif. Leur dernier opus datant de 2015, il n’y aura rien de vraiment neuf sous le sapin. Tomi Jousten se démène comme un beau diable pour tenter de motiver une foule un peu pataude. Le style folk/ progressif metal ne semble guère convenir à une bonne partie du public. Les sonorités orientales de certains titres sont pourtant plutôt agréables et les morceaux clairement rodés. La tâche est ardue pour le groupe du pays des mille lacs et ce n’est pas trente petites minutes de set qui permettent de rentrer pleinement dans le concert d’un groupe où l’écoute est exigeante. Petit conseil pour ceux qui auraient moyennement apprécié l’expérience, simplement aller voir Amorphis durant l’un de leur concert.
Leur dernier album s’appelle ‘Life is good’, et avec Flogging Molly ce titre est on ne peut plus juste. Car oui, avec eux sur scène la vie est belle. La qualité des musiciens sur scène est connue et reconnue et chacun maîtrise son instrument à la perfection. Mais Flogging Molly, c’est avant tout une atmosphère, une ambiance et une convivialité que peu de groupe arrive à faire passer. Quand Dave King nous dit que nous ressemblons à des « pingouins en cloques » car on ne bouge pas assez, on se marre. Mais on lui prouve le morceau suivant, qu’un pingouin ça peut « pogoter » sévère ! Les tempos s’accélèrent et parviennent à réveiller une foule qui se fait maintenant très participative. Ce parfum d’Irlande fait du bien. On commence désormais à être chaud pour la suite des évènements.
Il faut bien l’avouer, les Berlinois de Beatsteaks n’ont pas un jeu de scène franchement époustouflant. En effet, à l’exception d’une incursion de Teutoburg-Weiß, le chanteur, dans le public, le spectacle n’est pas plus mouvementé que ça. Notre scepticisme ne fait visiblement pas l’unanimité car le public germanophone semble séduit par la prestation de Beatsteaks. Cela doit être une question de röstigraben… Notre oreille avertie a toutefois su reconnaître leurs tubes les plus célèbres comme ‘Cut off the Top’, ‘Let me in’ ou ‘ Hello Joe’. Un autre détail important à souligner est la tenue de scène. Sérieux les gars, je sais bien que vous ne faites pas un concert en tête d’affiche, mais ce n’est pas une raison pour débarquer à peine fringués, version cours de gym, en training. En bref, on peut dire que le concert des Beatsteaks joue bien son rôle de première partie auprès de nos voisins suisse-allemands, alors que nous restons de notre côté sur la réserve.
Après ces quelques concerts, le suspens est à son comble, la nuit se met à tomber et un rideau gigantesque à l’effigie de Volbeat nous cache la scène. Les haut-pareurs diffusent ‘Born to Raise Hell’ de Motörhead, les fans les plus ardus le savent, l’arrivée de Danois est imminente. Résonne alors ‘The Devil’s Bleeding Crown’ et le rideau tombe. S’en suit un show d’une bonne heure et demie, rythmée par les tubes les plus connus du groupe. C’est d’ailleurs là une critique que nous pourrions faire à ce concert : le manque d’originalité. En effet, la setlist semble sensiblement identique à la dernière tournée du groupe en 2016, ceci reste le point le plus regrettable de la prestation. ‘Lola Montez’ a comme toujours un succès incroyable, le classique ‘Sad Man’s Tongue’, en hommage à Johnny Cash est repris par la foule et le premier vrai tube du groupe, ‘The Garden’s Tale’ est arrivé pour conclure la première partie du concert. C’était donc un très bon show à l’américaine, millimétré, avec un jeu de lumière fantastique et une qualité de son quasi parfaite. Même le déluge arrivé peu avant le rappel n’a pas fait fuir le public.
Malgré la pluie et une affluence du public limitée – probablement due à une siorée en semaine ou au prix des billets, nous avons passé une bonne journée, sans surprise, sous le signe du rock n’roll en allant du progressif au punk en passant par la musique irlandaise et le metal. Notre sortie Daily Rock était un succès !
Pierric Dayer & Pauline Elmer