Vingt-cinq ans, ça se fête ! Pour leur quart de siècle, la formation néerlandaise a décidé de convier ses fans à une grand-messe dans la petite bourgade sympathique de Nimjegen, située à deux heures de route d’Amsterdam et dotée d’une salle non moins sympathique, le Doorneroosje.
Après avoir rempli les hôtels de la région, les die-hard fans venus des quatre coins du monde, Chiliens, Russes, Indiens, Polonais, Anglais, Allemands se sont rassemblés pour faire honneur à leur groupe favori. Pour l’occasion, les frères Rutten et Franck Boeijen, seuls rescapés du line-up originel, ont pris soin d’inviter presque tous les membres ayant fait partie de l’aventure à un moment ou à un autre. Ainsi, Marike Groot (chant), Bart Smits (chant), Hugo Prinsen Geerligs (basse), Jelmer Wiersma (guitare) et bien sûr, Anneke van Giesbergen étaient réunis sur une même scène. Cette dernière, longtemps le pilier central du groupe, a d’ailleurs occupé une place de choix pendant ces deux fois deux heures trente de show ! Chapeau bas d’ailleurs à Silje Wegeland, chanteuse actuelle, qui a bien compris l’impact d’Anneke, et qui s’est mise un peu en retrait, au service de la communauté.
Émotion donc lorsque toute la clique entre en scène. Revoir Anneke parmi les siens, a un goût fort agréable et on se demande toujours pourquoi elle a décidé de s’aventurer dans une carrière solo hasardeuse. Mais passons, le but ici est bien de profiter de ce moment précieux. Deux heures trente de musique donc, de duos, de souvenirs. Toutes les périodes sont passées en revue, chacun jouant les morceaux des albums auxquels il a participé.
‘Saturnine’ ouvre les feux avec un chant à quatre voix. Jolie mise en bouche. Enchainement avec un tonitruant ‘Strange Machine’, puissamment chanté par Anneke. Le souffle retombe un peu sur ‘Meltdown’, plus susurré par Silje. ‘Nightime Birds’ affole les sens. Passage plus métallique ensuite avec deux anciens morceaux (‘Mirror Waters’ et ‘King for a Day’) hurlés par le toujours en forme Bart Smits qui se prend à nouveau au jeu d’haranguer la foule comme au bon vieux temps. Marike, qui l’épaule pour les voix féminines semble par contre peu à l’aise et sourit rarement. Être sur scène est un métier qu’elle semble avoir oublié dans un coin de sa mémoire, profitant peu du moment malgré une qualité vocale indéniable.
Retour d’Anneke qui, à chaque apparition, soulève la joie du public, elle en profite bien, parait presque étonnée de leur engouement après toutes ces années. ‘Even the Spirits are Afraid’ et ‘Broken Glass’ adoucissent l’ambiance. Cette dernière aurait allègrement pu être remplacée par moult autres chansons plus excitantes.
Silje refait surface pour les morceaux plus récents que sont ‘Afterwords’ et ‘Heroes for Ghosts’ qu’elle interprète le sourire aux lèvres. Sa ressemblance vocale et physique avec Anneke est frappante. Celle-ci revient pour le sublime ‘Amity’ et le survolté ‘On most Surfaces’ que tout le monde hurle à s’en décoller le ventricule gauche. Duo sexy des deux chanteuses sur ‘Paper Waves’. ‘All we are’ continue sur le chemin de la sérénité. On se demande soudain à quel moment ils vont jouer un morceau de ‘How to Measure a Planet’, leur meilleur album à ce jour ! Et enfin faire vibrer le theremin qui attend sagement sur le côté de la scène. Notre attente est comblée par la suite fulgurante de ‘Leaves’ et ‘In Motion #1’ sur lequel Marike et Bart redonnent de la voix.
Et puis arrive enfin ‘Travel’ qui prend comme à chaque fois son envol et une dimension encore plus impressionnante sur scène. Neuf minutes de bonheur absolu pour une montée en intensité et un final orgasmique. Tout le monde rejoint Anneke sur scène.
Le rappel fait redescendre la pression avec un ‘Waking Hour’ qui fait vibrer nos cordes sensibles et un ‘I can See Miles’ qui finit en apothéose de sons entremêlés dans un brouhaha noisy indescriptible autour de Hans, le batteur qui mène tout le monde à la baguette pour le coup !
Les lumières se rallument, l’adrénaline retombe, mais les sourires sont bien présents sur tous les visages. Le show du soir sera plus au point et tout aussi intense. On se réjouit déjà des cinquante ans du groupe !