© Saee Haldule-Bonvin
© Saee Haldule-Bonvin

Arrivée des musiciens, ses extraordinaires comme il les appel, qui prennent gentiment place pendant que l’un d’eux annonce l’arrivée du seul, de l’unique, de l’inimitable Charles Bradley, tel un pasteur charismatique annonçant le messie à ses ouailles.

Il entre sur scène, en toute simplicité, affublé d’un long peignoir bleu et d’un costume avec tête de mort en pierres de pacotille, dont le ridicule magnifique et grandiloquent rappel les meilleures années de la soul musique. La machine est lancée.

Charles Bradley nous déroule ses tubes dans une mécanique bien huilée, il chante et le public chavire, il crie et le public frissonne, il vibre la solitude et le monde pleure avec lui. Il incarne chacune de ses chansons avec ferveurs, mais c’est entre chacune d’elles qu’il dévoile un peu plus son message d’amour inconditionnel. Au contraire d’autres personnalités qui parlent de paix dans le monde, lui se place à un niveau personnel en disant simplement de retourner vers sa mère et de lui demander pardon. C’est pourquoi lorsqu’il embrasse un à un les spectateurs, lorsqu’il leur dit I love you, ses mots résonnent tout particulièrement dans les coeurs et que cette relation fusionnelle qu’il entretient avec son public est si vivante, si précieuse.

Très peu de musiciens ont le courage de retourner dans leur passé et de revisiter toute la peine qu’ils ont ressenti, lui qui a vécu la pauvreté, la solitude, la perte, lui qui a vécu les peines de ce monde en est ressortit avec une force de résilience exceptionnelle, puisant dans la vie sa substance, l’amour, qu’il chante, qu’il incante, qu’il incarne sur et hors de la scène, restant avec son public, le prenant dans ses bras, bien après la dernières notes, bien après que ses musiciens l’ai quitté, que la lumière de la salle se soit rallumée, lui il est toujours là, parlant et embrassant tous les êtres venus à sa rencontre.

Ce jeudi 7 juillet 2016, sur l’une des plus prestigieuses scènes du monde, Charles Bradley nous a fait ressentir sa solitude, notre solitude, et nous a guidé, du haut de ses 67 ans, vers l’essence même de la vie, l’amour, lui qui en a terriblement manqué et qui aujourd’hui ne veut plus s’en passer. Il a le droit d’être fatigué, d’être épuisé, de n’avoir, ce soir-là pas été aussi flamboyant que par le passé. Il a le droit car avec une telle générosité, on lui pardonne tout, on l’aime. Et dans notre coeur restera toujours une place pour la black rose qu’il a su nous offrir. [Vincent Bonvin]

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