Confrontés à l’angoisse de la page nécessairement blanche du premier album, les Spewmen n’ont pas tremblé et rien n’a été laissé au hasard. Conçu en forme de profession de foi et truffé de références diverses (The Clash pour Dirty Sound, Peter Pan Speedrock pour Spewmen…), ils font preuve d’une très grande nervosité et d’une maîtrise instrumentale, abordant sans complexe tous les aspects du No Future.
Plus versatile qu’ils en ont l’air, le quintet apprécie la concision et torche des chansons fortes en moins de 3 minutes 30 chrono. Cet opus interpelle dès la première écoute, jouant savamment avec des répétitions en forme d’échos et grâce à la voix presque chamanique de Loïc. La production volontairement minimaliste ne détourne pas l’attention de l’auditeur et la rythmique efficace ne fait pas dans la dentelle.
La formule s’avère payante puisqu’ils trouveront sans aucun doute leur public, et le tout semble tellement au point que l’on se dit que sur ce très bon disque, tout est dit…sans que ce soit obligatoirement un mal. Ils cultivent une image intègre et pourtant très onirique en distillant une musique dense et primitive. Maîtrisant impeccablement les intervalles entre les sons, ils donnent une profondeur très actuelle à leur musique, et War soulève l’enthousiasme et l’envie. Deux sentiments qui résument bien le début de parcours de ce groupe prêt à prendre le taureau par les cornes dès que l’occasion se présente.
De toute évidence, les leçons du passé ont été bien assimilées et leur jeu correspond tout à fait à leur répertoire. On est directement plongé dans un tourbillon et ils aiment balancer des morceaux courts, comme des roquettes assassines lancées à la face de tous les connards qui nous entourent (et qui nous dirigent). La forme est brute de décoffrage et le fond radicalement engagé.
Le mot Spew signifie cracher…tout est dit ! On ne va pas demander à un boucher d’utiliser un scalpel pour trancher un steak n’est-ce pas ? On se sert des bons outils pour taper là où ça fait mal et c’est la rage au ventre qu’ils nous offrent cette mandale sonore qui devrait plaire à de nouveaux fans potentiels. Et même si les plus exigeants chipoteront un peu sur une trop grande linéarité, on en a largement pour son argent. Garantie sur facture !
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