Nouvelle date de Sounds Like Hell ! Et cette soirée a été placée sous le signe du gras, du lourd, de la drogue, de l’alcool, des marécages et du bayou : je veux bien sûr parler des canadiens de Dopethrone, des dieux du sludge Eyehategod, et des parisiens de Red Mourning. Retour à la MJC Ô Totem, un peu moins fournie en public que pour Hexa’gone, ce qui est tout de même dommage, mais l’on peut le comprendre étant donnée l’offre assez généreuse en concerts divers et variés de ces derniers mois.
Après avoir rejoint les compères Rémi, Vincent et les autres, nous avons pu durant cette soirée (dans le désordre, et durant les changements de set) : discuter plusieurs minutes avec le batteur de Dopethrone Carl Borman, dont on apprendra qu’il est fan d’Eyehategod, qu’ils sont heureux de jouer avec eux pour deux dates, que c’est d’ailleurs la première date de leur tournée européenne, qu’il ne fume plus et qu’il a 41 ans. Nous croiserons plus tard le sieur Jimmy Bower et Brian Patton qui viendra … profiter de quelques bouffées d’un truc dont je n’ai pas le droit de parler mais que vous reconnaîtrez tous (ça fait beaucoup de mots, non ?).
Les festivités commencent par les parisiens de Red Mourning. Officiant dans un mélange de hardcore et sludge, la sauce passe relativement bien. J.C., le chanteur joue autant de son harmonica que de sa voix, et les trois autres font le boulot. C’est groovy, les parties plus violentes … ressemblent bien à du stoner bien énervé (ouais, comme un camé qui a pas sa dose). Défendant leur album sorti en 2014 « Where stone and Water meet », le groupe se démène afin de passionner un public encore peu présent dans la salle. Les absents ont tort, et ce fut le cas ici aussi. En effet, assez régulièrement nous avons droit à des premières parties qui oscillent entre fadeur, style à l’opposé des groupes de tête d’affiche voire carrément mauvais. Là c’est assez honnête, et ça mérite d’être souligné.
La scène ressemblait à une de ces cabanes que l’on pourrait trouver dans tous les reportages sur les marécages de la Nouvelle Orléans, effort intéressant pour être signalé. Un étrange instrument, mix entre une planche de bois, deux guitares sans manche, et un synthétiseur (ouais, c’est assez étrange) sera utilisé par Romaric, guitariste de son état à la fin du dernier morceau de leur set pour apporter quelques notes et distorsions bien senties (celles qu’on peut avoir quand un guitariste a un cylindre en métal qu’il passe sur ses cordes). A noter le bassiste Sébastien qui doit bien faire dans les deux mètres et taillé comme une armoire à glace, et notre chanteur donc qui fait parti du mouvement straight-edge (ouais, ce sont les croix sur les mains et quelques recherches qui me l’ont confirmé). Bon concert pour ma part, et à revoir !
Dopethrone. Bon, je vous ai déjà fait le coup des anecdotes pré-concerts, donc je vous les épargnerai ici. Défendant leur tout nouvel album « Hochelaga », le trio venu du Canada va nous jouer une des musiques les plus grasses que j’ai vues en concert. Et que c’était bon ! Pourtant Vincent, chanteur/guitariste nous a demandé d’être cléments durant le concert à cause du fait que c’était leur première date de leur tournée en Europe. Leur dernier effort a été donc le centre de leur set, dont les excellentes « Sludgekicker » et « Dry Hitter », accompagné par quelques autres morceaux de leurs précédents albums « Dark Foil », « III » et « Demonsmoke ». 45 minutes de plaisir clôturé par une reprise de Bill Withers « Ain’t no Sunshine », mais arrangée à la sauce Dopethrone, qui ajoute un peu plus de gras et de lourdeur à ce morceau suave et avec ce côté très « Blues ». A noter que le bassiste Vyk doit être aussi épais que mon petit doigt, dans son truc avec son instrument. La voix de Vincent, presque gutturale rajoute à la lourdeur de la musique de Dopethrone. On peut aimer ou pas, pour ma part, ça marche plutôt bien.
Eyehategod. Pour l’anecdote, nous n’avions pas pu (voulu) les voir à Clermont-Ferrand au retour du Motocultor pour cause de fatigue/crasse/trop de concerts. Dommage car il me semble que ce fusse le dernier concert de John LaCaze. Mais c’est à vérifier. Bref, un énorme concert, attaqué tambour battant par cette jolie phrase « We’re Eyehategod from New Orleans, Louisiana » et leur morceau « Agitation ! Propaganda », titre des plus énergique. Le son est excellent, et étant placé en face de Jimmy Bower, je pouvais tout à fait constater qu’il aime faire le show. Avec une heure et quart de concert, on ne s’est pas foutu de notre gueule !
D’après mes souvenirs, tous les classiques du groupe ont été joués, et quatre ou cinq morceaux de leur dernier album « Eyehategod ». Je dis d’après mes souvenirs parce qu’Eyehategod en live, c’est autant le foutoir que le sac à main d’une femme (désolé mesdames). La set-list varie, je pense selon les humeurs d’un Mike Williams complètement déchiré (il aurait fait plusieurs fois le tour de la salle sans aucune raison avant les concerts), dont je me demande à chaque pas comment il fait pour tenir debout. Mais cela n’altère en rien sa prestation vocale, qui malgré quelques ratés est très bonne. Même si la mort de John LaCaze a affecté les membres du groupe, on peut dire que son remplaçant, également originaire de la Nouvelle Orléans Aaron Hill fait le boulot, et de très bonne manière. On ressent bien une certaine alchimie, et passer au-delà d’un drame comme celui-là, c’est toujours très compliqué. Chapeau à eux en tout cas, je suis admiratif.
Le public n’a pas beaucoup bougé durant le set, préférant se briser la nuque sur chaque brulot des américains. De mémoire « Sisterfucker » a été dantesque, « New Orleans is the New Vietnam » puissante, « Dixie Wiskey » également. Pour le reste « Nobody Told Me » « Medecine Noose » du nouvel album ont été jouées, après je n’en sais rien. Mais je sais que ça été une putain de bonne soirée.
Premier concert des trois dates en France sur la fin de leur tournée de printemps (avant un retour en Europe pour les festivals, dont le Hellfest), Eyehategod nous a offert une prestation digne de leur réputation : excellente, puissante, chaotique. Concert avec cette intensité qu’on leur connait, et avec un public réceptif bien que peu nombreux, c’est une réussite pour ma pomme !
Bravo à Red Mourning et Dopethrone, deux excellentes premières parties, un grand merci à Eyehategod pour leur concert, à SLH pour la date de qualité et à tous les copains que j’ai croisé au concert !