Natif des Cornouailles, l’une des plus belles régions d’Angleterre imprégnée d’histoire, à la nature sauvage et quasi intacte, James Dixon présentait quelques-unes de ses perles musicales en ouverture de concert. Seul sur le devant de la belle scène de l’Alhambra, c’était l’occasion de découvrir des mélodies délicates et de beaux textes intimistes dont ceux de son nouvel album (‘Good Ground’, autoproduit, 2024) enregistré partiellement dans une église. Un artiste attachant que l’on a eu beaucoup de plaisir à découvrir et qui, au demeurant, officiait sur la tournée comme drum tech de Seasick Steve.
C’est la deuxième fois en quatre mois que Seasick Steve se produisait dans la région, lui qui avait eu les honneurs du Guitare en Scène Festival en juillet dernier. Dans le cadre de la tournée de promotion de son dernier album paru en février dernier (‘A Trip a Stumble a Fall Down on Your Knees’ / SO Recordings), le natif d’Oakland posait ses grattes à Genève. A la différence du concert de l’été dernier, l’artiste se produisait en trio, accompagné d’un batteur et d’un autre guitariste / bassiste.
On connaît les relations amour – haine que Seasick Steve entretient avec la presse (aucune accréditation pour la presse ou les photographes n’a été délivrée pour le concert) et sa défiance envers une certaine forme de technologie (diatribes récurrentes contre les téléphones cellulaires entre autres) mais une fois sur scène, ‘Let the Music Talk’ comme le titre d’une chanson de son récent opus. Comme à son habitude, Seasick Steve nous présente avec malice et une certaine fierté ses guitares qu’il a souvent lui-même bricolées avec des morceaux de bois, des bidons d’huile automobile ou même des plaques d’immatriculation. Un art de la débrouille et un attachement aux racines solidement revendiqué.
Coup de cœur pour ‘Diddley Bo’, en hommage à qui l’on sait, ‘Backbone Slip’ et son refrain entêtant, l’entraînant ‘Move to the Country’ et l’irrésistible ‘Bring It Down’ qui clôt le set avant les rappels. Ce sont divers courants du blues et du rock sudiste qui sont illustrés par Seasick Steve, ses chansons évoquant parfois les premiers titres de ZZTop ou de Lynyrd Skynyrd, tout comme les pères fondateurs tels que Bo Diddley ou Muddy Waters. Deux rappels pour le plus grand plaisir du public pas si nombreux que ça – et c’est bien dommage – mais connaisseur, avec le frénétique ‘Dog House Boogie’ en point final.
Un voyage musical décoiffant au cœur de l’Amérique profonde sentant le maïs grillé, le t-bone steak juste saisi sur le barbecue et les gaz d’une Harley Davidson (ou Indian) à l’accélération.