Ce lundi au cœur de l’automne était peut-être le jour le plus chargé en émotion de l’année. Pour la seule date helvétique de sa tournée ‘Road to the Isles’, Derek William Dick – aka Fish – dressait son chapiteau au Volkshaus de Zurich pour tirer sa révérence. Près de 45 ans dans la musique, des heures de gloire avec le Marillion de la première heure puis une riche carrière solo entamée en 1989, des hauts et des bas dans sa vie privée et ses productions, Fish a vécu 1000 vies. Alors oui, on peut se faire la réflexion qu’à 66 ans, c’est un peu prématuré pour une tournée d’adieu, mais le barde au cœur de Lothian a fait le tour de la question et aspire à une retraite paisible sur les îles écossaises. Une tournée placée également sous le signe des remerciements à une fanbase indéfectible, loyale depuis les débuts. Signe tangible de cet amour du public pour l’artiste, une cohorte de The Company Italy, fans transalpins, avait fait le déplacement de Zurich, faute de concert dans leur pays par manque de promoteur.

C’est un Volkshaus quasi complet qui accueille chaleureusement Fish, accompagné de ses fidèles compagnons de scène, Steve Vantsis à la basse – Robin Boult à la guitare – Gavin Griffiths à la batterie auxquels se sont joints Mickey Simmonds aux claviers et Elisabeth Troy Antwi aux chœurs. Cette dernière avait déjà travaillé avec Fish, notamment sur les albums ‘Raingods with Zippos’ et ‘A Feast of Consequences’. Scène sobre, et présence d’un écran un peu cheap – seul bémol – à l’arrière-plan sur lequel sont diffusées des images du concert ou des photos d’artwork de l’artiste, souvent peu distinctes. Mais l’essentiel est ailleurs.

Fish débute son tour de chant avec ‘Vigil’, ‘Credo’ et ‘Big Wedge’, extraits de ses deux premiers albums solos. On y sent encore la proximité mélodique avec Marillion mais le chanteur écossais s’en est assez vite démarqué avec des approches de rock progressif, certes, mais aussi des touches de pop et de folk celtique, les paroles étant bien évidemment au centre de ses compositions. Bien loin des fanfaronnades parfois agaçantes de ses débuts, Fish chante en douceur – probablement aussi pour ménager sa voix – et son jeu de scène est sobre. Tout sourire, il a vraiment beaucoup de plaisir à retrouver son public après une avant-dernière tournée avortée par la pandémie. Les fans apprécient des titres joués plus rarement en concert comme ‘Shadowplay’ ou ‘Pipeline’ et sont aux anges pour le délicat duo avec Elisabeth Troy Antwi sur ‘Just Good Friends’. Magnifique clin d’œil à la période Marillion avec un ‘Slàinte Mhath’ magistral repris en chœur par la salle. La longue suite ‘Plague of Ghosts’ tirée de ‘Raingods with Zippos’ est elle aussi dépoussiérée et mise en valeur par les chœurs d’Elisabeth pour clore le premier set.

Les rappels débutent avec ‘A Gentleman’s Excuse Me’, intimiste et touchant, un exemple de plus illustrant le large répertoire de Fish pouvant déclamer des textes épiques avec puissance tout comme délivrer des poèmes intimistes qui touchent au plus profond de l’âme. Place ensuite à la trilogie jouissive de ‘Misplaced Childhood’ reprise en chœur et à tue-tête par les fans, ‘Kayleigh’ – ‘Lavender’ – ‘Heart of Lothian’, mon Dieu, que de souvenirs lumineux et heureux ! Un petit tour par les coulisses et Fish nous revient pour deux derniers rappels, généreux et festifs, à son image, le public du Volkshaus l’accompagnant dans des pas de gigues et ceilidh sur les incontournables ‘Internal Exile’ et ‘The Company’. Les musiciens quittent la scène l’un après l’autre, laissant Fish seul avec ses fans, un large sourire barrant son visage, remerciant la salle et les balcons. Magnifique et inoubliable image de l’éternel Jester qui profite pleinement de la formidable ovation du public et peine à regagner les coulisses.

Photos : Gilles Simon

Texte : Jean-Blaise ‘jb’ Betrisey

www.fishmusic.scot

www.takk-abe.ch

www.volkshaus.ch

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