La Vaudoise Arena accueillait Moby pour la dernière date de sa tournée européenne célébrant les 25 ans de ‘Play’, son album mythique. Artiste protéiforme engagé pour de nombreuses causes depuis ses débuts, le new-yorkais a décidé de reverser tous les bénéfices de ses concerts au profit de diverses associations défendant les droits des animaux. En première partie, Lady Blackbird, ‘Grace Jones du jazz’ comme l’a surnommée Gilles Peterson, allumait les feux de la rampe.
Accompagnée d’un, puis de deux musiciens, Lady Blackbird – aka Marley Munroe – investit la scène, tout de blanc vêtue. Elle marque les esprits avec sa légendaire coupe afro blanche, son costume original et élégant, eye-liner blanc et parure de visage avec des plumes blanches. Un deuxième album fraîchement sous le bras (‘Slang Spirituals’ – BMG Rights), elle est très à l’aise sur scène et joue de sa voix remarquable comme d’un instrument de musique pour charmer un public déjà nombreux mais pour le moins indiscipliné et bruyant. La musique délicate et sensuelle de Lady Blackbird mériterait un écrin plus feutré pour être appréciée à sa juste valeur. Mention spéciale pour ‘Blackbird’, très belle cover de Nina Simone.
En attendant la venue de Moby, divers courts spots défendant la cause animale sont diffusés sur les écrans de la scène. Juste avant le début du concert, le public peut suivre une courte intervention de Jane Goodall, célèbre ethnologue et anthropologue britannique, qui remercie l’artiste notamment pour son engagement en faveur des droits pour les animaux.
20h30, les lumières s’éteignent pour laisser place à un rideau de projecteurs balayant la salle sous les notes de ‘My Weakness’ tandis que les musiciens prennent place sur scène. On notera la présence d’une violoniste et d’une violoncelliste ainsi que deux choristes féminines qui nous éblouiront toute la soirée par leur grâce et leur talent. Les tubes déboulent d’entrée (‘In My Heart’, ‘Go’, ‘Bodyrock’) avec énergie, Moby est au four et au moulin – euh non – aux claviers, à la guitare et aux percussions, courant en tous sens sur la scène. Entrée plus profonde dans le concert avec une version intense de ‘Flower (Find My Baby)’ et les accents groovy d’une des choristes. Le délicat ‘Porcelain’, remanié pour l’occasion, nous laisse un peu sur notre faim et n’a pas la grâce qu’on lui connaît. Parenthèse vite oubliée avec le retour de Lady Blackbird sur scène pour le temps fort du concert. Tout d’abord l’intime ‘Walk With Me’, acoustique, presque a capella, puis le poignant ‘Why Does My Heart Feel So Bad ?’ qui nous donne les frissons. La fin du concert emballe – enfin – un public nombreux (environ 8000 spectateurs) mais pas si réactif que cela, avec ‘Extreme Ways’ et ‘Honey’, deux classiques intemporels.
En rappel, étonnante cover de ‘Ring Of Fire’ que Johnny Cash avait immortalisée, Moby demandant au public de chanter le solo de trompette du titre. ‘Lift Me Up’, très attendu, vient à la suite mais c’est la déception du concert. Alors que Moby chante le titre sur un tempo lent au début, on se demande s’il attend que l’assistance reprenne le refrain avant d’emballer la machine, mais hélas rien ne vient. C’est bien dommage pour l’un des chansons les plus énergiques et rythmées du répertoire de l’artiste. Fort heureusement, ‘Natural Blues’ vient à la suite pour notre plus grand bonheur, interprétation très réussie. En second rappel, Moby déclare au public qu’il est un ‘raver’ à l’origine et interprète le dansant ‘Feeling So Real’ avec son groupe, ce qui fait se trémousser toute la Vaudoise Aréna. En point final surprenant et un peu brutal, c’est DJ Moby qui diffuse le très electro et urbain ‘Thousand’ qui a le mérite d’illustrer l’éclectisme de l’artiste tout en laissant le public plutôt hébété.
Texte : Jean-Blaise JB Betrisey
Photos : Alex Pradervand