Plus d’un an après la sortie de son premier mini-album Quelque chose, Édouard Malo-Corbeil, alias Edouard, ne chôme pas et poursuit son élan créatif en parallèle de ses études en musique à l’UQAM. C’est le 6 septembre 2024 que le jeune auteur-compositeur-interprète montréalais lance le microalbum La fin du monde n’est pas si laide.
Réalisé par David Scalisi, ce nouvel opus rassemble cinq pièces pop influencées par la chanson française et parsemées de sonorités latines. Le premier extrait paru au printemps, intitulé Tatoo, révélait tous les ingrédients d’un ver d’oreille estival par son énergie entraînante et vectrice de Vitamine D, tout comme la pièce suivante Aïe. Elles se composent d’un rythme soutenu par des accords de guitare habiles et des percussions bondissantes. La voix murmurée d’Edouard, qui rappelle parfois un jeune Dumas, se colle aux textes teintés de romantisme et de mélancolie flirtant avec la poésie recherchée des refrains accrocheurs. Le tout est rehaussé par le travail de mixage de Félix-Antoine Leroux, alias DJ Horg, producteur renommé de musique urbaine, genre en pleine effervescence au Québec. Le vétéran du « rap queb » confère une profondeur sonore à ces morceaux qui résonnent comme du hip-hop.
On observe une variété d’influences chez Edouard. Celles-ci se reflètent particulièrement sur J’en ai vu d’autres, une chanson à forte dose de bossa-nova qui démontre chez lui de l’amour envers le genre musical d’origine brésilienne. L’artiste met indéniablement à profit ses compétences développées pendant ses études en guitare jazz à l’École de musique Vincent-d’Indy. Ce temps fort de l’album rayonne par la présence du saxophoniste de jazz Doc Seuss. On trouve ensuite sur la ballade électroacoustique Je te vois un passage quasi psychédélique qui métaphorise l’ivresse amoureuse incarnée dans les paroles. Finalement, la chanson-titre termine le bloc de dix-sept minutes sur une note plus décalée et pessimiste : fini la romance et la danse. Le ton cynique des paroles et la touche rock accentuent le sentiment d’instabilité du protagoniste et sa vision d’un monde en déchéance, tout en réclamant sa sertraline :
« À tous les promeneurs de ruelles
Qui marchent sous l’ombre de la ville
Et aux mendiants à domicile fixe
Qui rampent jusqu’au prochain soleil
À tous les bébés qui sont nés
Parce qu’il n’avait rien à la télé
Et à leurs parents qui essaient
Même si l’avenir les effraie »
–La fin du monde n’est pas si laide
Le microalbum La fin du monde n’est pas si laide amène Edouard vers une direction artistique qui tend à la précision et à la quête d’un son distinctif. Plus assumé que son prédécesseur, il reflète bien les influences et le bagage de ce jeune artiste doué. Chaque pièce se démarque en réunissant des éléments esthétiques cohérents et harmonieux. Avec cette deuxième œuvre, Edouard laisse entrevoir plusieurs voies possibles sur le plan musical qui pourrait, somme toute, apporter une fraîcheur bien à lui à la pop québécoise.