« Grain », « Clôture », « Voir », et aujourd’hui « Murmuration ». Aborder la galaxie des albums du groupe de Bulle, c’est accepter de laisser cavaler son esprit, de s’inventer des histoires, là où leur noise-rock instrumental n’offre presque aucune référence littérale à laquelle s’accrocher. Je dis bien presque, parce qu’avec des titres comme « Panzer am Gesicht », « Spårm », « Boguet Mystère », « Ail huile », ou « Bilzibute » il est clair que leur univers, de parfaitement abstrait, peut très rapidement passer à totalement facétieux. Et c’est là qu’il est grand temps de laisser la musique faire le reste, nous emmener balader entre vallées luxuriantes et sommets arides. Même qu’avec le temps et les caprices de la météo, de plus en plus souvent on y trouve du sable venu du confins d’un désert accablé par des températures suffocantes. Comme une tornade les trois guitares avancent de front, mais chacune a son petit caractère, propose à chaque auditeur de la suivre selon ses goûts et ses envies. Il y a celle qui aime être dure et stricte, celle qui trouve dans un dessin tout en rondeur le moyen de vous entourlouper et celle qui insidieusement vient vous aiguillonner par derrière, menue et incisive. Toutes pourtant ne seraient rien sans la présence imposante de la section rythmique qui les poussent sans cesse à avancer de concert. Avec cette petite particularité pour ce quatrième album, que les six titres démarrent de manière quasi similaire, d’un riff tendu. Comme si le quintet avait voulu à chaque fois revenir à sa base pour s’aventurer dans une nouvelle direction, en débroussaillant une nouvelle piste. Et là, encore une fois, c’est le duo basse-batterie qui sert de guide, proposant autant d’itinéraire casses patte que de chemin en béton armé. Tout est là pour surprendre. [YP]
Note: 4/5
