L’auteur-compositeur-interprète Olivier Faubert s’était révélé avec le mini-album Mes ombres en 2022, offrant un petit aperçu de ses compositions originales en tant qu’artiste solo. Et puis, après une séquence d’extraits lancés durant les derniers mois, c’est le 22 mars 2024 qu’il nous présente son tout premier album complet Pour ne pas mourir en hiver.
C’est par une pop aux accents Indie rock qu’on découvre neuf morceaux abreuvés d’émotions et d’arrangements éclectiques qui fusent de divers horizons. Cet album réalisé par Dominique Plante (Ariane Roy, Adib Alkhalidey, la bande sonore du film Les chambres rouges) regroupe une petite équipe de collaborateurs expérimentés qui propulse les chansons d’Olivier Faubert à son plein potentiel. On ne pouvait partir mieux du bon pied avec La lune et l’épée, une pièce d’introduction puissante portée par un tempo entraînant et des paroles au caractère onirique et un brin ésotérique.
Cet élan se poursuit avec le rythme dynamique de Sang d’août, suivi de Dimanches de juillet, plus posé par son allure country folk. On se laisse tenter par son duo avec Thaïs sur Mercure – au groove grandement inspiré de Fleetwood Mac – , ou bien de l’ambiance planante de la pièce Les rêves. Ce sont des vers d’oreille qui s’enchaînent l’un après l’autre sur cet album. On se réjouit des refrains accrocheurs et franchement efficaces, soutenus par la voix suave et légèrement rauque d’Olivier Faubert. L’ex-candidat de Star Académie 2021 chante tout en nuance, modulant avec force et précision, à travers des textes sensibles et sentimentaux qui ne lui font pas fausse note. En s’associant avec Benoît Massé aux textes (qui a aussi réalisé ses derniers vidéoclips) et avec Julyan aux musiques, on constate le fruit d’une collaboration synergique. Des pièces comme Anna ou bien Berceuse pour un serpent démontrent une fois de plus la force des idées sur cet opus.
Il serait dommage de passer sous silence la chanson-titre Pour ne pas mourir en hiver. Déjà, elle se distingue des autres pistes par sa structure particulière. On observe une progression d’accords de guitare acoustique parfaitement arpégée qui capte l’attention dès les premières secondes, le tout accompagné de la simplicité du chant d’Olivier Faubert. Alors que la chanson évolue en douceur vers un prérefrain annonciateur et un refrain qui vibre de solitude, elle se transforme par un crescendo qui mute l’atmosphère en une sorte de catharsis, où s’ajoutent la batterie et les lignes de guitares électriques à la distorsion saisissante. Pour accentuer le ton, l’interprète s’élance aisément en voix de poitrine par des aigus qui projettent à pleins poumons la charge émotive des paroles. Ce dernier y exploite une gamme plus large de son registre vocal faisant valoir une fois de plus la beauté de ses possibilités. De type chanson à texte, à la fois intime et personnelle, la pièce s’approprie des racines folk rock habillées d’arrangements contemporains, intégrés à une poésie typiquement québécoise. L’analogie de l’hiver et des saisons y est illustrée par une prose habile, procédés qui ont fait la force de plusieurs grands de la chanson québécoise. Pour ne pas mourir en hiver n’est pas seulement une chanson qui se démarque parmi d’autres sur un disque, elle porte une signature dans le répertoire de l’artiste, il peut en être fier.
Par ses neuf chansons, Pour ne pas mourir en hiver est un album qui vaut le détour d’un bout à l’autre. Passionné et attachant, Olivier Faubert y signe une œuvre convaincante, à la fois accessible et bien façonnée, favorable à élargir son public.
Lancement de l’album le 27 mars 2024 à la salle Le Ministère, Montréal
4,5/5