Cette soirée du 31 octobre 2023 a fait l’objet d’un dilemme de plusieurs mois pour les amateurs de rock gothique des années 80s. Le choix devait se faire entre l’annuelle Fête des Morts des Caves à Martigny, qui accueillait Clan Of Xymox et les Sisters of Mercy à l’Alhambra pour ce qui devait être leur premier concert genevois. Des semaines à hésiter, mais sans trop attendre quand même car les deux événements allaient être complets rapidement. Mon choix s’est porté sur les Sisters (on a ses groupes cultes ma foi), mais difficile à savoir à quoi s’attendre car ces dernières semaines Andrew Eldritch a viré Dylan Smith sur scène en plein Temple Of Love à Londres, la nurse usuelle du Doktor était absente de la tournée pour raison médicale (un comble), remplacée par Chris Catalyst de retour dans le groupe pour l’occasion, et un tout nouveau guitariste, Kai (du groupe Esprit d’Air) a repris la seconde guitare au pied levé pour finir la tournée. Autant dire qu’on a beau les avoir vus plusieurs fois ces dernières années, cela promettait d’être différent. Et si on ajoute à cela qu’une semaine plus tôt, un concert au Portugal a été annulé à la der suite à un souci de santé de Von, embarqué en ambulance, on regrettait presque de ne pas avoir pris son entrée aux Caves…
Le jour J, sous des trombes d’eau, l’Alhambra a fait le plein avec 1100 personnes. Plus aucun ticket vendu sur place au désespoir d’une poignée de personnes. Cette salle est juste magnifique, avec ses deux balcons et ses rangées assises au fond du parterre. Exactement ce qu’il manquait pour accueillir des groupes de cette taille à Genève.
Le début de la soirée est confié à The Virginmarys, un duo anglais de rock bien appuyé. Entre les soeurs de la miséricorde et les vierges maries, je me dis qu’il y a peut-être quelques catholiques qui ont pris des billets par mégarde ce soir. En tous les cas, s’il y a eu une messe, elle était gothique avant tout, n’en déplaise à Andrew, bien connu pour renier toute filiation avec ce mouvement.
Sur une demi-scène, les anglais y mettent tout leur cœur, surtout le batteur qui fait preuve d’une force de frappe redoutable et sans jamais baisser d’intensité. Il a d’ailleurs les avant-bras bandés. Quelle puissance ! L’inconvénient c’est que l’on n’entend guère son collègue qui assure guitare et chant. Autant les morceaux sont sympas qu’ils se ressemblent pas mal. Il n’y a véritablement qu’à la fin du set que l’on a droit à deux ou trois chansons un peu plus mélodiques. Un dernier morceau sera dédié à une fan du premier rang qui a suivi plusieurs dates de la tournée (respect à elle). En trois quart d’heures, The Virginmarys a bien chauffé la salle pour leur premier concert en Suisse. Ils n’ont pas manqué de remercier aussi les Sisters pour les avoir pris sur cette tournée et leur public pour leur accueil.
21.15 heures, le rideau tombe et dans l’obscurité les 4 musiciens prennent position sur la scène de l’Alhambra. Eldritch arrive en dernier et il boîte bien bas. A tel point que je me dis que s’il avait gardé sa canne du clip de Dominion, il pourrait la resservir assez utilement. Le bonhomme est néanmoins tout sourire (enfin c’est relatif). Premier morceau, le désormais classique medley entre « Dr. Jeep » et « Detonation Boulevard » qui permet à Ben Christo, le muscle toujours aussi saillant, de se mettre en avant. Evidemment tout le monde joue avec des lunettes de soleil, Von ayant même comme à son habitude la deuxième paire prête au col au cas où. Le light show est plus sympa puisqu’ils ont renoncé à l’usuel nuage de fumée qui les engloutissait pendant les 2/3 du concert. Et pour avoir vu un bout du concert depuis le premier rang, puis depuis le balcon, je trouve que cela change l’ambiance en mieux. On voit presque quelque chose !
Deuxième morceau et premier conseil pour l’hiver qui s’installe « Dont’ Drive On Ice », une des nouvelles compositions écrites avec Dylan Smith qui est jouée depuis l’an passé. Cela fait maintenant 30 ans qu’aucun nouveau morceau n’a été enregistré en studio et les concerts sont donc l’unique occasion d’entendre les nombreux titres écrits depuis le siècle passé (bon il y a aussi youtube mais clairement ce n’est pas comparable). Nouvel extrait de « Vision Thing » avec « Ribbons ». On aura droit aussi à une version de « More » à laquelle il manque toujours les voix féminines. Dommage pas de « Vision Thing » ce soir par contre.
Viennent ensuite le morceau le plus ancien joué ce soir, « Alice » puis « Summer » et ses riffs acérés. Après quelques titres, je trouve que le son est vraiment pas mal, surtout depuis l’arrière. Je pense même que, sur le plan sonore, c’est un des meilleurs live des Sisters que j’ai vu. Et la voix très critiquée d’Andrew ces dernières dates est pas mal du tout. Évidemment, ce n’est pas en concert que l’on saisit tous ses textes, Eldricht reste un Anglais qui ouvre peu la bouche lorsqu’il chante ou parle. Ben ne chante pas tant que cela par rapport à de précédents concerts. Le nouveau guitariste fait le job. Il a l’air d’assurer des parties rythmiques simplifiées. Il faut dire qu’il a eu 4 jours pour apprendre une vingtaine de morceaux pour remplacer Dylan. C’est bluffant de l’avoir fait en si peu de temps. Le reste du set est partagé entre les nouveaux morceaux vieux (« We Are The Same Suzanne » toujours aussi beau), les classiques (« Dominion Mother Russia », il n’y a que les Sisters pour jouer un titre pareil avec ce qui se passe en ce moment à l’est, et « Marian », probablement mon morceau préféré mais qui perd pas mal de sa splendeur dans cette configuration du groupe) et les nouveaux nouveaux morceaux (« I Will Call You », « Eye Of Caligula »). J’en vois certains dans la fosse essayer de Shazamer les nouveaux titres, en vain. D’ailleurs, j’imagine que même la plupart des anciens titres joués dans des versions plus heavy ne sont pas reconnus par l’application. Petit temps mort avec « I Was Wrong » et ses guitares acoustiques avant une fin de set avec quatre nouveaux titres au milieu duquel « Crash And Burn » fait office de vieillerie.
Par contre, First And Last And Always, le premier album du groupe est le grand oublié de la soirée, mis à part « Marian ». Etonnant, mais il faut forcément faire des choix.
Le rappel se fait désirer pendant quelques minutes, mais on sait tous qu’il reste encore une poignée de classiques qui ne peuvent pas manquer à l’appel. Cela débute avec « Lucretia My Reflection » sur laquelle Ben, guitare en bandoulière dans le dos, fait les chœurs. Je préfère quand même la version studio avec une basse et des voix féminines. Là c’est le bon Doktor qui assure les basses en plus des parties de batterie. Chris a l’air de s’ennuyer ferme car quand cela fonctionne, il n’y a rien à faire. Il est donc debout, totalement immobile à regarder le Doktor Avalanche travailler. Sûr qu’il préférerait être avec une guitare dans les mains. « Temple Of Love » ensuite dans une version bien claquée qui fait décoller le public. Mais le final restera l’apothéose de la soirée avec une fosse qui s’anime (enfin) sur « This Corrosion » et se lâche sur les chœurs. Malheureusement, après juste une heure et quart c’est déjà terminé. Dommage, tout le monde en aurait bien repris une deuxième dose.
C’était mieux que prévu.
On the Beach est un putin de grand morceau.
Christo est parfait.
Kai a de l’avenir.