Majestueux.
Je pourrais m’arrêter ici.
Un seul mot est suffisant pour décrire la performance d’Opeth.
Le mot « grandiose » pourrait également être accepté.
Le Métropolis affiche complet en ce samedi de décembre, froid et déprimant. Le public est divisé en plusieurs petits clans. Toutes sortes de métalleux se trouvent dans la place. Peu de groupes peuvent se vanter d’avoir un public aussi large et de ratisser autant les vieux hippies fans de Yes ou Genesis que les black-métalleux fans de Behemoth et Immortal. Il faut pourtant admettre, de prime abord, la surprise pour plusieurs de voir que In Flames et Red Fang ferait la première partie. Une affiche un peu disparate avec des groupes de styles très différents pour contenter un public hétéroclite. C’est quoi cette nouvelle mode de la double tête d’affiche? Nous avions là deux groupes qui auraient pu individuellement remplir le Métropolis. Étrange.
Red Fang, groupe de l’Oregon, a su faire sa place dans la cour des grands depuis les dernières années en soutenant une tournée pour Mastodon entre autres. Leur dernier album Whales and Leeches, sortie en 2013, les a fait découvrir d’un public plus large -dont moi- avec leur sonorité Stoner-rock. On peut effectivement se demander pourquoi du Stoner en première partie d’ Opeth? J’avais tout de même bien hâte de pouvoir mettre des visages sur un disque que j’ai beaucoup écouté en 2014. La performance fut de courte durée, mais très efficace. Parfait pour préparer le public à la venue d’In Flames.
In Flames avaient de nombreux fans présents au Métropolis ce soir-là. Ce groupe que je dois admettre connaître peu, car faisant dans un style qui ne me plaît pas particulièrement; un Death mélodique avec des envolées penchants vers le Power-métal ou le Thrash Sans avoir un grand intérêt pour leur style, je me dois d’être objectif et d’admettre que le groupe a donné un spectacle d’une grande qualité. Soutenu par des effets de lumière particulièrement réussis, probablement un des light-shows les plus impressionnants que j’ai eu la chance de voir, In Flames a tiré son épingle du jeu de façon magistrale. Le charismatique chanteur Anders Friden tenait la foule dans la paume de sa main. Plusieurs interventions ont fait éclater de rire le public (« fuck cheap beers, fuck Budweiser ») alors que d’autres interventions dénonçaient ceux qui ont tendance à regarder le spectacle derrière leur écran de cellulaire pour filmer « so everyone can watch a really bad quality video on Youtube tomorrow ». Friden a même pris l’initiative de faire monter un fan sur scène pour filmer l’une des dernières pièces. Gageons que ce Viking s’en souviendra longtemps. Cinq étoiles pour la pièce The Chosen Pessimist, plus ambiante que le reste de leur spectacle, le Métropolis était plongé dans un autre monde pour l’instant de quelques minutes. Ma chanson préférée sans contredit.
Le dernier album d’Opeth -Pale Communion (2014) a déçu plusieurs fans de la première heure. L’album, bien loin des classiques comme Black Water Park (2001), Damnation (2003) et Watershed (2008), possède tout même son lot de pièces très réussies. Existant depuis une vingtaine d’années, le groupe a légèrement perdu de sa rage d’ado, et présente maintenant du matériel plus mature et plus ambiant. L’instrumentation et les polyrythmies sont toujours aussi présentes, mais la pédale-double y est plus rare. Dur retour à la réalité pour Opeth qui se devait de rendre justice à leur réputation, difficile de passer après la performance exceptionnelle de leurs amis suédois. Les effets de lumière, beaucoup plus sobre que pendant In Flames, laissaient davantage de place au jeu de guitare appuyé par les claviers. La performance fut sans failles. Toutefois, sept chansons seulement ont été interprétées, plusieurs classiques du groupe n’ont pas trouvé leur place dans la liste de pièces pour cette tournée. Disons juste que j’aurais pris 25 minutes de moins d’In Flames pour avoir droit à 3 ou 4 chansons de plus d’Opeth.
Mais. Tout de même. Majestueux.
Texte : David Atman
Photos : Mathieu Lemay
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