Intro (Pauline)
Les organisateurs du Greenfield Festival nous confient leur satisfaction à propos de cette 17ème édition, mentionnant une météo clémente, malgré la longue averse de jeudi qui a coupé court à la vague caniculaire qui s’abattait sur Interlaken. L’esprit familial, tant concernant le public que les artistes qui sont toujours très heureux.ses de jouer ici, rend Thomas Dürr (CEO Greenfield & Act Entertainment), Alexandra Krebs (CEO Greenfield & Junfrau World Event) et Stephan Thanscheidt (Booker Greenfield & CEO FKP Scorpio) très fier.ère.s de l’événement, qui a su garder le cap financièrement malgré des coûts de production explosant de tous les côtés, grâce à une rigoureuse planification. Ces perspectives positives ouvrent le troisième et dernier jour du festival en ce samedi 10 juin.
NOFNOG – « Brothers and sisters, we are partners in crime! » (Pauline)
NOFNOG, pour « No Fight, No Glory » remplit la lourde tâche d’ouvrir la Jungfrau Stage à 13h10. Paraissant un peu stressés avant leur arrivée sur scène, il suffit de quelques riffs bien incisifs pour mettre tout le monde à l’aise. Les festivalier.ère.s émergent du camping et affluent en nombre pour assister au concert du groupe de hardcore-punk. Les pluies diluviennes de la veille ont transformé le sol en véritable bain de boue, nous donnant l’occasion d’assister à des circle pits des plus précautionneux. Les Saint-Gallois de NOFNOG enchaînent les titres pour 45 minutes de set nous faisant sauter et secouer la tête dès « tôt le matin », selon Fux, guitariste du groupe. Avec 20 ans de carrière, NOFNOG montre qu’ils en ont encore sous le pied.
Anti-Flag – « Some surrender, I got nothing to surrender to » (Pauline)
Quoi de mieux que d’enchaîner avec un concert d’Anti-Flag ? Spoiler, la réponse est : absolument rien, on ne voudrait être nulle part ailleurs en ce moment. C’est toujours un plaisir pour le combo venu de Pittsburgh de se produire à Interlaken et il en va de même pour le public qui s’amasse devant la scène de façon compacte dès ce début d’après-midi. Après une entrée sur scène sur « Die for the Government », le ton est lancé, la prochaine heure s’annonce intense. Les crowdsurfs s’enchaînent sans relâche, le rythme est effréné. Le groupe nous envoie sa meilleure setlist de festival – où l’on pourra éventuellement regretter le manque de surprise, « The Press Corpse », « This Is The End (For You My Friend) » ou encore « 1 Trillion Dollar$ » côtoient les nouveaux titres « Laugh. Cry. Smile. Die » et « Victory or Death (We Gave ‘Em Hell) » issus du dernier album, en passant par un medley punk-rock combinant « Should I Stay or Should I Go » des Clash, « She » de Green Day et bien d’autres. Le tout entrecoupé par des messages positifs et bienveillants, anti-fascistes, anti-guerre et anti-nationalistes, à l’image d’Anti-Flag.
Halestorm – « Are you a freak like me ? »
Un batteur en chemise rose et cheveux blond, une chanteuse en tenue rouge brillant, un guitariste en ensemble large noir et blanc et un bassiste à chapeau : Halestorm est là ! Si vous ne les remarquez pas à leur look du jour, vous les remarquez assez vite lorsque la Lzzy Hale commence à chanter. Il s’agit pour moi d’une des meilleures prestations vocales du festival et une très bonne surprise. Le groupe changeant de setlist à chaque show, la surprise est aussi quasi-totale à ce niveau. Lors de notre interview 3 heures plus tôt, le groupe ne sait toujours pas quels titres vont être joués. Les tubes imparables du groupe résonnent : Love Bite (so do I), Wiked Ways, Freak like me, Familiar Taste of Poison, The Steeple et bien entendu Back From the Dead. Halestorm maîtrise complètement l’art des hymnes fédérateurs qui marchent en festival ! Lors de I get off, la chanteuse annonce que cette chanson est pour les femmes et demandent à ceux qui le peuvent de prendre les femmes sur leurs épaules. La bonne humeur authentique des membres du groupe et la complicité entre Lzzy et Joe Hottinger complètent à merveille ce set.
Taylor Acorn – « Where I throw a little brick through your pretty little face»
Une blonde avec une mèche de couleur qui chante de la pop à tendance pop punk, ça vous dit quelque chose ? Non, je ne parle pas d’Avril Lavigne mais bien de Taylor Acorn, qui doit sans aucun doute être le choix le plus étonnant de cette programmation. On sent bien dans sa musique que la chanteuse a commencé sa carrière dans la country avant de tenter cette excursion dans le style pop à l’énergie pop punk des années 2000. Il y a étonnamment de monde devant la petite scène, comme quoi même les metalleux ont besoin de douceur ! Assez rapidement pendant le show, elle annonce qu’elle commence par contre qu’elle commence à perdre sa voix et on sent que la fin du set est compliquée pour elle.
The Bosshoss – « Take my body, take my soul, but don’t take my rock’n’roll » (Pauline)
« Don’t Gimme That », c’est un peu ce qu’a pensé une partie des festivalier.ère.s lors du concert de Bosshoss. Leur country rock’n’roll est peu connue en Romandie, probablement en raison du style très germanique, bien qu’aux accents du Midwest américain, du groupe berlinois. Après s’être fait connaître en reprenant des classiques de la pop comme « Toxic » de Britney Spears ou « Hey Ya! » de OutKast, The Bosshoss n’a pas réinventé la roue. Pour les avoir vus 10 ans auparavant, au Rock am Ring 2013, peu de choses ont changé, le back drop compris. La prestation reste toutefois distrayante, incitant à taper du pied, sans passer un moment d’anthologie.
Destroy Boys – « Hunting witches has turned into hunting bitches»
Premier passage pour le trio (ici en format quatuor pour la tournée) de Sacramento qui crée un véritable mouvement de foule, attirée par le début de leur set enflammé qui n’est pas sans rappeler les sonorités de Rage Against The Machine. Dès la deuxième chanson, les sonorités changent pour rejoindre un genre plus proche de ce qu’on nous a décrit du groupe : des influences diverses du garage à la pop avec une énergie riot grrrl. Les chœurs ne sonnent pas toujours tout à fait juste, mais l’énergie de la chanteuse, véritable pile électrique bien déjantée, rattrape le tout et réussi à convaincre le public.
Wolfmother – « Then I let go of everything into another dimension»
C’est le moment de prendre notre dose de solo 70’ ! On peut reprocher beaucoup de choses à Andrew Stockdale, mais pas ses prestations scéniques. En l’entendant, on ne peut s’empêcher de penser à Led Zeppelin, que ce soit pour la ressemblant avec la voix de Robert Plant ou avec la guitare de Jimmy Page ! Mais dans la voix, on retrouve aussi des influences plus récentes comme Jack White des White Stripes. Les morceaux des 2 premiers albums sont particulièrement efficaces mais d’autres comme Victorious le sont tout autant. Un Pikachu gonflable géant à même été attiré par ces mélodies et est se trémousser dans le public.
Amon Amarth – « Ride to meet your fate, your destiny awaits, Ragnarök awaits »
Tatouages de runes, pendentifs en marteau de Thor, longs cheveux tressés… difficile de ne pas comprendre que l’une des têtes d’affiche de cette dernière soirée est Amon Amarth ! Embarquez pour un peu plus d’une heure de croisière un peu spéciale sur le drakkar d’Amon Amarth ! Après Sabaton hier soir, voici encore des Suédois bien inspirés par les décors et mises en scène théâtrales ! Deux statues géantes, sûrement Odin ou Thor, bordent la scène, et au milieu se trouve un casque à corne géant (même si, déso de gâcher le truc, les casques à cornes relèvent plus de la fantaisie que de l’historique, les preuves historiques ne corroborant pas cette représentation. Les casques vikings authentiques qui ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques ne présentent aucune trace de cornes). Johan Hegg ne tarde pas à nous asséner sa voix à réveiller une momie (ou Odin, pour coller à la bonne mythologie, mais vu que de toute manière tout n’est pas histo dans cette histoire, pourquoi pas ?). Le ciel s’assombrit avec la nuit qui tombe et le Valhalla semble à deux pas, entre deux sommets. Des guerriers, boucliers en main, s’affrontent sur scène. Le public s’assied et rament en synchro comme s’ils partaient piller un village chrétien en drakkar. Les membres du groupe lèvent leur corne (corne à boire cette fois, mais toujours pas historique) et terminent leur prestation plus que convaincante !
Slipknot – « I’m everything you’ll never be » (Pauline)
Dernière tête d’affiche et dernier concert du festival, Slipknot s’empare de la scène devant un public qui attendait pour certain.e.s depuis le début de la journée devant les barrières. Après un tombé de rideau laissant apparaître une scénographie travaillée, Corey Taylor et sa bande s’emparent de la scène et d’une foule conquise pour un concert d’une heure et demie. Le lineup fraîchement remanié après le départ de Craig Jones annoncé ce mercredi 7 juin n’a pas entaché la performance de ces monstres de précision. Slipknot offre une clôture de festival majestueuse, tout feu, tout flamme.
Funny anecdote :
- Quand même certains photographes sont confus et réalisent 15 minutes avant Halestorm qu’il ne s’agit pas de Alestorm et qu’il n’y aura donc pas de canard sur scène.
Conclusion (Pauline)
Pendant trois jours, le Greenfield a battu son plein et s’appuie sur un nombre record de visiteur.euse.s en comparaison avec l’année dernière, accueillant 84’000 personne sur toute la durée du festival. Le public, composé à 48% de femmes, démontre bien que les préjugés attribuant le metal et autres musiques dites « extrêmes » au genre masculin sont dépassés.
Après plus d’une quarantaine de concerts, le Greenfield Festival dévoile déjà ses dates de 2024 : rendez-vous du 13 au 15 juin sur la Flugplatz ! On t’y voit ?