Voilà une histoire d’amitié qui fait un bien incroyable à un début d’année plus que marqué par les conflits humains. Imaginez que si The Arcs, le side-project de Dan Auerbach (la moitié des Black Keys), était silencieux depuis sept ans, c’était parce que le décès en juillet 2018 du batteur Richard Swift avait poussé la formation au mutisme. Un mutisme qui pouvait bien sembler être définitif tant Swift était un apport primordial d’énergie et de cohérence pour le combo.
Mais c’était sans compter sur l’envie des protagonistes de ne pas laisser les innombrables moments de travail en studio prendre la poussière sur une étagère. « La chose que nous partagions si profondément avec Swift était la musique, et ainsi la seule façon de tourner la page était de finir ce que nous avions commencé » souligne Auerbach. Des dizaines de pistes posées alors en studio sont sortis douze titres emmenant l’auditeur dans une odyssée sonore hyper colorée.
On y retrouve l’amour des musiciens pour les juxtapositions de soul, de psychédélisme ou de rock garage, avec ce goût prononcé pour les collages sonores luxuriants. Jouant souvent de cassures rythmiques il semble que le temps ne s’arrête jamais vraiment entre les morceaux, renforçant cette impression de voyage sans escales. A travers la fenêtre ouverte on entend tout d’abord un ressort de reverb qui s’ébroue. Puis passent des violons poussiéreux, des pianos en sous-bois, des flûtes champêtres, des guitares acoustiques mielleuses, certaines électriques plus graveleuses, d’autres capiteuses, et au-dessus de tout, des chœurs qui s’entremêlent langoureusement et poussent à une rêverie infinie. Avant que le ressort de reverb nous rappelle que toute belle chose a une fin, bouclant l’album par une ultime balade hautement mélancolique. [YP]
Note: 4/5